Après la rando dans le massif de Korbous, intéressons-nous à l’origine des eaux de cette station thermale. Et oui, quand on est hydrogéologue de formation, on ne peut que s’intéresser à ces phénomènes particuliers ! Ainsi, dans cet article, vous comprendez comment se forment les sources chaudes de Korbous !

Auteur Julien
Rédigé par Julien
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logo update Mise à jour le 5 décembre 2021

Notez bien qu’il s’agit d’une explication possible, plus ou moins proche de la réalité, je ne peux le dire, vu le peu d’éléments dont je dispose.

Explications géologiques et hydrogéologique

Korbous se trouve donc sur la bordure Ouest du Cap Bon. Le centre du Cap Bon est composé d’une montagne, le Djebel Sidi Abderrhamane (voir la rando sur ce massif). Il s’agit en fait d’un grand pli anticlinal (forme en /\ ). Donc plus on s’éloigne du sommet en direction de la mer, plus les couches s’enfoncent. Les roches sont des grès, c’est-à-dire du sable consolidé. Il laisse donc passer facilement l’eau.

A Korbous, les couches se redressent soudainement. Ainsi, dans la plaine entre Korbous et le Djebel, on a la formation d’un pli synclinal (forme en \/ ).

Ce magnifique schéma de ma production Paint est sans doute plus explicite !

Schéma présentant les plissements géologiques à l'origine des sources chaudes de Korbous
On retrouve donc sur ce schéma le plissement des couches de grès, colorées. Ce plissement est essentiel pour nos sources géothermales.

Bien, j’espère que vous suivez toujours ! (N’hésitez pas à relire 😉 )


Les sources chaudes de Korbous

Maintenant que nous connaissons la géologie, imaginons-nous en gouttelette d’eau :

Nous sommes donc accompagnées d’autres gouttes, et tombons au sommet du Djebel sous forme de pluie. Nous nous infiltrons dans les grès sableux. Certaines de nos copines vont alimenter les oueds du coin.

Grâce à la gravité, nous allons nous laisser entraîner dans la couche de grès, et nous enfoncer rapidement sous terre.

En profondeur, la température augmente. C’est l’effet de la géothermie, bien connue par les mineurs. Nous, gouttelettes, allons donc nous réchauffer au contact des roches chaudes, et au passage, dissoudre certains éléments (tout comme le sucre se dissout plus facilement dans l’eau chaude).

Poussées par nos copines, nous allons réussir à remonter les couches au niveau de Korbous. C’est l’effet des vases communicants.

Sous Korbous, la présence de la mer nous permet de nous mélanger avec d’autres gouttes, chargées en sel. Ce sont en fait des infiltrations d’eau de mer, donc salée!

Enfin, à la faveur d’une fracture dans les couches, d’une faille, nous allons nous précipiter pour rejoindre une sortie, juste un peu au dessus de la mer.

Juste au-dessus de Korbous, on peut observer une belle faille dans la falaise :

Une faille surplombe la station de Korbous, à l'origine des sources chaudes de Korbous
Une des failles permettant certainement aux eaux de jaillir.
Schéma de la faille au dessus de Korbous
Bel exemple de faille normale (en extension).

Voici l’une des sources chaudes de Korbous :

Aménagement autour d'une des sources chaudes de Korbous
Les aménagement autour d’une source. Il est possible de tremper les pieds en haut, ou de se baigner au niveau de la mer.

Quelle profondeur ?

Désormais, je suis sûr qu’une question existentielle vous taraude l’esprit :
Mais jusqu’à quelle profondeur l’eau s’est-elle infiltrée ??

Les données

Quelques petits calculs nous permettront d’en savoir un peu plus.

Tout d’abord, nous avons besoin de la composition chimique et de la température de l’eau des sources chaudes de Korbous. Ca tombe bien, ces données sont affichées dans la rue de la station thermale !

Les données importantes sont :
Température : 50°C
Sodium : 2.7g/l
Chlore : 6g/l

Faïences sur lesquelles sont peintes les données chimiques des eaux des sources chaudes de Korbous, ici la source d'Aïn Kebira
Composition chimique de la source d’Aïn Kebira

Les calculs

1er point : la part d’eau de mer.

Nous avons vu qu’une partie des eaux de la source provient de l’eau de mer, salée. Nous allons donc estimer la part des eaux géothermales, et des eaux de mer. Pour cela, utilisons les concentrations en Sodium (Na), et en Chlore (Cl) (sel : NaCl).

Au total, 8.5 grammes de sel dans l’eau de la source. L’eau de mer Méditérannée contient environ 35g de sel par litre.

Nous avons donc environ 1 volume d’eau de mer pour 3 volumes d’eau géothermale.

Soit 25% de l’eau venant de la mer, et 75% venant de la circulation dans les couches de grès.

2ème point : la température réelle de l’eau géothermale

L’eau chaude s’est donc mélangée avec de l’eau de mer froide, disons à 20°. Notre eau s’est donc refroidie, pour sortir à 50°. Il nous faut donc connaître sa température avant le mélange.

Le calcul est donc le suivant :
1 volume à 20° + 3 volumes à XX° => 4 volumes à 50°

Nous obtenons donc une température de 60°C avant le mélange avec l’eau de mer.

3ème point : la profondeur.

Supposons que l’eau était à 20° lors de la pluie. En profondeur, elle s’est retrouvée réchauffée à 60°. Soit une augmentation de 40°.

Maintenant, regardons l’élévation de la température, lorsque nous nous enfonçons dans la croûte terrestre. La valeur la plus courante est de 3°/100m. Globalement, le sol se réchauffe de 1° tous les 30 mètres de profondeur, dans les régions sans volcan, bien sûr !

Dans notre cas, l’eau s’est réchauffée de 40°, soit une profondeur d’environ 1200m.

Et voila, 5 ans d’études pour ces quelques calculs piffométriques, qu’il nous faut prendre avec des pincettes, vu les nombreuses approximations faites ! Et encore, je n’ai pas pris en compte l’âge du Capitaine…

A bientôt !


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