Notre nouveau circuit urbain nous amènera cette fois dans le partie Ouest de la médina de Tunis. Il s’agit d’une balade dans la médina et de la découverte de ses trésors souvent cachés et peu connus.

Auteur Philippe
Rédigé par Philippe
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logo update Mise à jour le 7 février 2021

Nous avons fait le choix de décrire la visite de la médina de Tunis à partir de plusieurs parcours. Le circuit présenté dans cet article nous fera donc découvrir la partie Ouest de la médina, depuis la Kasbah, en parcourant les alentours des rues Sidi Ben Arous et du Pacha jusqu’à Bab Souika. Ce circuit complète deux autres circuits proposés sur le site : l’un dans la partie Centrale et l’autre dans la partie Nord.

Ces randonnées, sportives – en effet une marche de 4h dans la médina n’est pas de tout repos – seront avant tout culturelles. Elles vous feront découvrir l’histoire de cette ville du Maghreb à travers ses monuments.


Départ de la visite

Le départ se fait encore une fois depuis la place de la Kasbah (ou place du gouvernement) en haut de la médina. Vous pouvez garer votre voiture dans le parking souterrain sous l’esplanade située au-dessus de la Kasbah.

Coordonnées géographiques :
36°47’51.84 N
10°10’06.27 E

Difficulté :

  • Durée : 4 heures environ, variable suivant le temps passé dans les monuments ou dans les cafés. Vous pourrez aussi vous arrêter dans une des innombrables gargotes pour déjeuner. Non-stop, il y a moins d’une heure de marche.
  • Ruelles pavées
  • Technicité : les pavés n’étant pas forcément nivelés, préférez plutôt une bonne paire de tennis que des talons aiguilles.
  • Attention, comme dans tout centre ville, les vols à la tire sont possibles. Evitez les sacs à main, colliers en or…
  • N’hésitez pas à frapper aux portes des sites indiqués. Souvent à vocation administrative ou culturelle, ils peuvent être fermés les samedis après-midi, dimanches ou lundis. Vous pouvez tout de même tenter votre chance et espérer, moyennant un beau sourire, l’aval des gardiens pour y entrer.
  • N’oubliez pas de consulter l’article consacré à l’histoire de la médina avant de faire cette randonnée.

Itinéraire du circuit dans la partie Ouest de la médina de Tunis


Astuce : pour suivre au mieux le parcours, je vous recommande d’ouvrir le plan sur GMap avec un téléphone, et le descriptif ci-dessous avec un autre téléphone 🙂


Description de la rando

Place de la Kasbah

Le départ de la rando se fait au niveau de la place de la Kasbah. C’est un lieu incontournable, qui regroupe plusieurs ministères dont le 1er ministère à droite en descendant. Il s’agit du Dar el Bey, ancien palais du gouvernement des Beys fondé au XVIIème siècle. On ne peut malheureusement pas le visiter.

En allant vers le bas de la place, levez la tête. Vous pourrez apercevoir au-dessus du Ministère des Finances, à gauche, une horloge solaire assez particulière. Admirez également la très belle galerie longeant ce Ministère.

Place de la Kasbah : le Ministère des Finances avec son cadran solaire.
Place de la Kasbah : le Ministère des Finances avec son cadran solaire.

Dar el Jeld

Prenez ensuite la rue Dar el Jeld à gauche en bas de la place. Cette rue possède une des meilleures adresses de Tunis si vous souhaitez découvrir la cuisine traditionnelle tunisienne dans le cadre d’une maison bourgeoise d’époque : le restaurant Dar el Jeld, ancienne maison Dar Khalsi. Nous vous conseillons d’y revenir en soirée par exemple ; sachez qu’il est préférable de réserver votre table. Dar Khalsi remonte au XVIIème siècle à l’époque mouradite.

En face, une annexe du restaurant vous permet de découvrir une autre maison bourgeoise datant du début du XXème siècle : le Diwan. Ces visites vous permettent de comprendre la conception et l’agencement des habitations traditionnelles tunisoises. N’hésitez pas à frapper aux portes!

Rue Dar el Jeld : l'entrée du restaurant Dar el Jeld. Remarquez le chapiteau hispano-maghrébin faisant le coin avec le passage de la Driba
Rue Dar el Jeld : l’entrée du restaurant Dar el Jeld.
Remarquez le chapiteau hispano-maghrébin faisant le coin avec le passage de la Driba

Dar Bouderbala

Un peu plus loin dans la rue Dar el Jeld, sur la droite, il existe une galerie d’art, la galerie Médina. La galerie a pris place dans le ali (étage des invités) du Dar Bouderbala. Vous pouvez y admirer des œuvres d’art d’artistes tunisiens dans un cadre magnifique, articulé autour d’un patio central couvert.

La patio du dar Bouderbala
La patio du dar Bouderbala

Dar Daouletli

Il faut ensuite rebrousser chemin jusqu’au Dar el Jeld et tourner à gauche dans le passage appelé la Driba, passage privé à l’époque. En haut de ce passage, à droite, vous pénétrez en suivant un long couloir dans le patio de Dar Daouletli (maison du XVIème siècle). Cette maison est de nos jours le siège de la Rachidia, une association culturelle et artistique spécialisée dans la musique tunisienne (Site Internet, page Facebook).

Cette maison aurait été affectée au milieu du XVIIème siècle au daouletli, chargé de veiller à la sécurité de la Médina. On y trouve de manière habituelle, une entrée en couloir et en chicane (driba et skifa). Attention, l’entrée historique n’est pas l’entrée actuelle mais celle désormais condamnée située plus bas. La cour (patio à portiques) est entourée de galeries, d’appartements, de communs et de magasins. Cette maison, compte tenu du rôle de son locataire, abritait 3 prisons, destinées aux hommes, aux femmes et aux esclaves.

Patio de Dar Daouletli.
Patio de Dar Daouletli.
Colonnes et portiques à Dar Daouletli.
Colonnes et portiques à Dar Daouletli.

Dar Hamouda Pacha

En ressortant, tournez à droite vers le passage qui mène à la rue Sidi Ben Arous. Prenez alors à gauche dans cette rue.

La 1ère maison sur la gauche (au n°56), Dar Hamouda Pacha, ou Dar Chahed, est la seconde bonne adresse concernant la cuisine traditionnelle tunisienne. La cuisine y est moins raffinée qu’au Dar el Jeld à mon goût, mais le cadre est plus authentique. Demeure princière construite au XVIIème siècle par Hamouda Pacha, 2ème bey de la dynastie mouradite, souverain bâtisseur également à l’origine de la mosquée toute proche portant son nom et que nous apercevrons en fin de parcours. La cour principale de ce palais est sans conteste l’une des plus belles de la Médina. Une visite s’impose!

Le patio de Dar Hamouda Pacha, l'un des palais les mieux restaurés de la médina
Le patio de Dar Hamouda Pacha, l’un des palais les mieux restaurés de la médina

Dar el Médina

Un peu plus loin dans la rue Sidi Ben Arous (au n°64) se trouve l’hôtel Dar el Medina, installé dans l’ancienne maison Dar Bellahouane.

Autour du patio et de la galerie supérieure étaient disposées les chambres ou plutôt les appartements du maître, des enfants et de leur famille. Bien que d’un seul tenant, ces chambres répondent à diverses fonctions. Elles sont plus ou moins grandes et luxueuses mais ont toutes le même agencement.

Face à l’entrée, un défoncement (qbou) est meublé de trois banquettes en U, cet espace est dédié à la réception. A droite et à gauche de l’entrée se prolongent les côtés de la pièce dont chaque extrémité (tarkina) est meublée par un grand lit (hanout ajem) qui occupe toute la largeur de la pièce. Il est surmonté par un ciel de lit et est fermé, en partie, par un devant de lit en boiserie finement ouvragée peinte ou ouvragée et dorée (tej). Il apparaît ainsi comme un écrin douillet et richement tapissé. La garniture est constituée d’un matelas bourré de laine, de trois traversins et de plusieurs coussins.

Les murs, sur les trois côtés, sont tapissés d’une riche tenture de soie (hayti), garnie d’applications en couleur qui protègent du contact froid des faïences murales. Les deux chambrettes (maksoura) flanquant l’alcôve du salon sont réservées aux enfants ou simplement comme espace de rangement. Vous retrouvez cette disposition dans toutes les maisons tunisoises. Cette chambre polyvalente, utilisée à la fois comme salon, chambre des parents et chambre des enfants, portait le nom de la mère de famille qui l’occupait et qui en était, symboliquement et de fait, la maîtresse. Ainsi, autour de la cour, sont désignées les chambres. Le Dar el Médina perpétue cette tradition qui honore la femme en donnant à ses chambres des prénoms féminins.

Un des appartements autour du patio de Dar el Medina.
Un des appartements autour du patio de Dar el Medina.

Dar Romdhane Bey

Continuez à descendre la rue Ben Arous jusqu’à la place Romdhane Bey. A gauche de la place, de part et d’autre d’un passage voûté (sabbat), se trouvent Dar Romdhane Bey ou Dar Jouini et ses annexes, non visibles malheureusement car privées. Dar Romdhane vit naître le célèbre chanteur et musicien Ali Riahi en 1912.

Façades et Driba du dar Romdhane Bey.
Façades et Driba du dar Romdhane Bey.

Dar Announ/ Dar Ben Gacem

En continuant à descendre, la rue Ben Arous change de nom et devient par la suite la rue du Pacha.

Au n°38, sur la gauche, se trouve l’ancienne maison Dar Announ, parfumeur de profession. Cette maison du XVIIIème siècle est désormais réhabilitée en chambre d’hôte sous le nom de Dar Ben Gacem. Vous pouvez retrouver le même agencement des chambres autour du patio à deux portiques soutenus par des colonnes de grès (kadhel) et des chapiteaux hafsides. Dans une de ces chambres, vous pouvez admirer un magnifique plafond de style « andalous » à motifs géométriques. A vous de le trouver!

Il faut savoir que l’histoire de l’émigration des Andalous en Tunisie commence bien avant la chute de Grenade en 1492 mais elle s’est intensifiée depuis cette date. Elle s’est prolongée sur deux siècles avant l’expulsion totale de tous les Morisques andalous de la péninsule ibérique en 1610. On peut dire qu’ils ont quelque peu contribué à l’évolution de la société tunisienne. Le pouvoir hafside a privilégié les premiers venus, étant donné leur haut niveau culturel et social. Ils étaient « des distingués poètes, des brillants secrétaires, des savants renommés, des princes et des valeureux guerriers » ; les Andalous ont occupé d’importantes charges politiques et administratives au sein du royaume tunisien.

Contrairement à cette vague « d’élites », les vagues d’immigration suivantes étaient essentiellement constituées d’agriculteurs et d’artisans. Les autorités turques ont encouragé leur installation à travers d’attractives concessions de terres, de dons et d’exonérations fiscales. Leur influence se ressent aussi dans les domaines de l’agriculture, de la cuisine, de la musique (grâce au Malouf, musique typique aux origines hispano-andalouses) et de l’architecture.

Depuis la terrasse, vous apercevrez le patio de la médersa de Bir Lahjar ainsi que les coupoles de la mosquée Sidi Merhez.

Une des chambres de Dar Announ
Une des chambres de Dar Announ

Centre culturel Bir Lahjar

Juste en dessous de Dar Announ, sur votre gauche, vous arrivez à l’entrée du centre culturel Bir Lahjar (40 rue du Pacha).

Il s’agit d’une ancienne medersa (école coranique) édifiée par le souverain Ali 1er Pacha au milieu du XVIIIème siècle. Comme dans les autres medersas, l’espace comprend une cour bordée de portiques aux arcs peints en noir et blanc. Sous les arcs s’ouvrent des pièces pour loger les étudiants (patio visible depuis la terrasse de Dar Announ visitée juste avant). L’enseignement de la Grande Mosquée Zitouna, très renommé, attirait des étudiants venant de tout le monde musulman. Aussi les dimensions de cette medersa répondent-elles à ces besoins avec une cour spacieuse et des chambres-cellules monacales plus nombreuses que d’habitude. Vous pouvez voir au fond la salle de prière.

Driba de l’entrée de Bir Lahjar et dokenia (bancs)
Driba de l’entrée de Bir Lahjar et dokenia (bancs)
La cour intérieure de Bir Lahjar
La cour intérieure de Bir Lahjar
L'ancienne salle de prière de la médersa.
L’ancienne salle de prière de la médersa.

Dar Ben Achour

En sortant de la médersa, poursuivez à gauche la rue du Pacha. 500m plus bas, à gauche, vous vous trouvez devant une autre très belle maison tunisoise. Il s’agit de Dar Ben Achour (52, rue du Pacha), actuellement investie par une bibliothèque de quartier.

Entrée de dar Ben Achour.
Entrée de dar Ben Achour.
Westdar (patio central)
Westdar (patio central)
Cour de la dwiriya (communs).
Cour de la dwiriya (communs).
Galerie de l’étage.
Galerie de l’étage.

Dans cette maison, on retrouve le plan classique de construction et d’agencement des pièces : pièces d’entrées en chicane, patio central avec puit (bir) et citerne (majen), galerie, chambres et appartements disposés aux quatre côtés du patio. A l’étage, une belle galerie domine le patio. En général, une ou deux chambres par niveau ont la forme d’un T renversé (appartement du maître de maison). Les lits (hanout ajem : ateliers du coiffeur!!!) souvent à baldaquins (tej) sont disposés de part et d’autre de l’entrée. En face se trouve le salon (kbou).

Ici, vous pouvez voir dans une de ces pièces et sous les portiques du patio, de magnifiques plafonds peints à la mode « andalouse ». De part et d’autre du T, se trouvent deux pièces (maksoura) pouvant servir de magasins, réserves ou rangements. A l’arrière de la maison se trouvent les communs (dwiriya) disposés également autour d’un patio. Dans cette bibliothèque spécialisée dans les ouvrages portant sur la ville de Tunis, vous croiserez probablement Si Mahmoud Zbiss, historien. Il vous racontera quelques anecdotes et vous parlera sans doute de son frère Slimane Mustafa qui fût l’un des premiers archéologues tunisiens.


Dar Riahi

Poursuivez encore un peu la descente de la rue du Pacha pour atteindre, à droite, la maison Dar Riahi. Ce centre du Croissant Rouge tunisien (l’équivalent de la Croix Rouge) offre des repas aux personnes dans le besoin. Il peut servir jusqu’à 350 repas de rupture du jeûne en période de Ramadan. Vous pouvez demander Karim qui vous en fera la visite.

Entrée du centre du Croissant Rouge.
Entrée du centre du Croissant Rouge.
Salle à manger.
Salle à manger.
Les zelliges dans le patio.
Les zelliges dans le patio.

La visite se poursuit en descendant la rue du Pacha jusqu’au boulevard Bab Bnet (la porte des filles). Vous passerez alors devant le 1er lycée de jeunes filles de Tunis (désormais lycée mixte : le lycée du Pacha). Nous reparlons de ce lycée dans l’article « Circuit dans la partie centrale de la médina de Tunis » lors de la visite du mausolée de Ali Pacha, où l’Association des anciennes élèves de la rue du Pacha a son siège.

Prenez ensuite à droite sur le Boulevard Bab Bnet et filez jusqu’à la place de Bab Souika. Nous parlons plus précisément de ce quartier dans l’article « Circuit dans la partie Nord de la médina de Tunis« .


Souk Sidi Mehrez

Avant la fontaine de Bab Souika, prenez à droite sous le passage voûte, il s’agit de l’entrée du souk Sidi Merhez. C’est la rue Sidi Merhez. Ce souk très bigarré et fréquenté est spécialisé notamment dans la vente de tissu. Après 500m de marche dans cette ruelle, un passage voûté s’ouvre sur la gauche et mène au mausolée de Sidi Merhez.

Cet homme, né au Xème siècle, est devenu, de part sa magnanimité, sa modestie, ses actions et son pouvoir spirituel, son influence idéologique, politique et économique, le saint patron de la ville de Tunis. De nombreux lieux de recueillement lui sont dédiés à travers toute la ville et notamment cette zaouia construite sur le lieu de sa demeure à Bab Souika. Sidi Mehrez, surnommé « Soltane el Médina » (voir l’évocation de Sidi Mehrez dans le film « Soltane el Médina » de Moncef Dhouib 1994) est aussi connu pour ses positions en faveur de la femme. Il meurt en 1022.

Ce sanctuaire est très fréquenté de nos jours par les femmes, les enfants et les pauvres, qui viennent se recueillir sur le tombeau de Sidi Mehrez situé dans la 2ème salle. Evitez d’entrer dans cette salle (qui est avant tout une salle de prière) à moins que vous ne souhaitiez vous aussi vous y recueillir. Un puits miraculeux continue d’abreuver les visiteurs. Admirez les coupoles ouvragées dans les deux salles, magnifiques.

A l’entrée du mausolée, un homme vend des sucreries sur un plateau. Parfois, il empêche la visite du sanctuaire. Dans ce cas, n’insistez pas et revenez une autre fois. Les femmes devront probablement se couvrir les cheveux. A l’intérieur du mausolée, des femmes « gardiennes des lieux » sont très sympathiques.

L'entrée du mausolée Sidi Mehrez.
L’entrée du mausolée Sidi Mehrez.
Coupole de la 1ère salle du mausolée.
Coupole de la 1ère salle du mausolée.

Mosquée Sidi Mehrez

Reprenez et continuez la rue Sidi Mehrez, vous passez alors devant l’entrée de la mosquée du même nom. Son style ottoman est visible et reconnaissable de loin (mais pas de près!) par ses coupoles blanches. Il s’agit même de l’unique mosquée tunisienne qui dérive d’un prototype turc. Elle rappelle les mosquées d’Istanbul et notamment celles du Sultan Ahmet à Istanbul. Mohamed Bey El Mouradi édifié la mosquée à la fin du XVIIème siècle. A l’intérieur, les carreaux anciens, importés d’Asie Mineure et qui ont échappé aux restaurations, offrent un grand intérêt : ce sont de belles pièces ornées de motifs floraux et dont les tons, outre le vert et le bleu, comprennent également le célèbre rouge tomate, caractéristique de la faïence d’Iznik à cette époque.

Des troubles politiques à la fin du XVIIème siècle empêchent l’achèvement des travaux. Essayez d’imaginer la vue d’ensemble avec les quatre minarets qui devaient compléter l’édifice!

Coupoles de la mosquée Sidi Mehrez.
Coupoles de la mosquée Sidi Mehrez.

Dar el Mestiri

Depuis la rue Sidi Mehrez, peu après la mosquée, prenez à droite la rue el Mestiri. Sous le passage voûté à droite, se trouve actuellement le centre de traduction et d’interprétariat, dans le Dar Mestiri (n°9 rue el Mestiri). Demandez au gardien dans la sqifa (1ère salle) si vous pouvez visiter la demeure. Il vous autorisera sans doute à pénétrer dans le patio. Construite par le prince Hussein, fils de Mahmoud Bey au début du XIXème siècle, cette demeure fut cédée plus tard à M’hammed el Monastiri, notable de la ville et fabriquant de chéchia.

Le patio et la galerie du Dar Mestiri
Le patio et la galerie du Dar Mestiri

Medersa Achouria

En sortant du Dar el Mestiri, prenez à droite jusqu’à la rue Achour et l’entrée de la rue Sidi Brahim, soit environ 150 mètres. Tournez ensuite vers la gauche dans la rue Achour. Parcourez-là pendant environ 100m et entrez dans la medersa Achouria (n° 62 rue Achour).

Cette médersa fut construite au XVIIIème siècle sur l’emplacement d’une des plus anciennes médersa de Tunis, la médersa lbn Tafrajine. Actuellement en manque d’entretien, une association se mobilise malgré tout pour tenter de faire bouger les choses.

L'entrée de la medersa Achouria.
L’entrée de la medersa Achouria.
Le patio de la medersa Achouria.
Le patio de la medersa Achouria.

Zaouia Sidi Brahim

En sortant de la medersa, prenez à nouveau à gauche. Rebroussez chemin jusqu’à la rue Sidi Brahim qui démarre sur la gauche. Remontez alors la rue Sidi Brahim et passez ensuite le passage voûté. Environ 100m après la voûte, sur la droite, se trouve l’entrée du mausolée de Sidi Brahim Riahi, saint homme du XVIII-XIXème siècle.

L'entrée de la zaouia.
L’entrée de la zaouia.

Sidi Brahim fréquente dès son jeune âge un kouttab (école coranique) à Testour (100 km au nord-ouest de Tunis). Il y fait preuve de talent pour les sciences religieuses et l’apprentissage du Coran. À son arrivée à Tunis, le jeune adolescent fait des études à la medersa Achouria puis à la medersa Bir Lahjar, déjà visitées lors de cette balade. Privé de ressources et des siens, il vit alors dans les dortoirs de la médersa Achouria pendant plusieurs années. Saheb Ettabaa, avec qui il est très lié, lui fournit enfin une demeure de fonction dans la rue qui porte aujourd’hui son nom un peu plus loin que le mausolée. Vers 1790, il débute enfin son enseignement à l’Université Zitouna.

La zaouia a été construite sur ordre d’Ahmed 1er Bey pour abriter la confrérie soufie dont il était devenu le maître à Tunis. Sadok Bey l’a fit embellir en faisant venir des artisans du Maroc, maîtres d’œuvre du fabuleux travail en stuc de l’intérieur de la coupole. Encore une fois, ce lieu est un lieu saint. Selon les circonstances, on vous laissera ou non y entrer. Quoiqu’il en soit, contentez-vous d’admirer l’intérieur de la coupole depuis son seuil.

Vue intérieure de la coupole.
Vue intérieure de la coupole.

Dar Jaziri

En sortant, faites demi-tour et prenez tout de suite à droite dans la rue du Tribunal. En face une porte monumentale : celle du Dar Jaziri, désormais maison de la Poésie. Vous pouvez y pénétrer. A nouveau, les pièces d’entrée en chicanes (sqifa) avec les bancs sculptés dans la pierre (dokenia), mènent à un très beau patio agrémenté de deux galeries parallèles et d’un puits. Autour du patio, on retrouve à nouveau les appartements disposés en T.

Le puits dans un coin du patio.
Le puits dans un coin du patio.

Dar Lasram

En sortant de Dar Jaziri, poursuivez le long de la rue du Tribunal sur une centaine de mètres. Vous arrivez alors au niveau d’un perron de quelques marches qui protège l’entrée du Dar Lasram. C’est dans cette demeure que siège actuellement l’Association de Sauvegarde de la Medina (Site Internet). Il s’agit d’une des plus belles demeures de la medina que vous pouvez visiter librement.

Les Lasram, d’origine yéménite, figurent parmi les plus anciennes familles tunisoises. Au service de Hussein Ben Ali (fondateur de la dynastie husseinite) puis de ses fils Mohamed et Ali, c’est sous le règne de Hamouda Pacha (XVIIIème siècle) que les Lasram transforment leur belle habitation en palais. On retrouve alors toutes les imitations tentées d’après les réalisations bien connues du Bardo ou du dar El Bey, demeures des Beys. Dar Lasram fut vanté dans tout Tunis pour son luxe et sa beauté intérieure et extérieure.

Hall d’entrée (Driba) et vue sur la porte d’entrée de l’étage (ali) initialement réservé aux invités (dar el dyaf).
Hall d’entrée (Driba) et vue sur la porte d’entrée de l’étage (ali) initialement réservé aux invités (dar el dyaf).
Suivant les skifa, un escalier mène au westdar pavé de dalles de marbres.
Suivant les skifa, un escalier mène au westdar pavé de dalles de marbres.

Vous pouvez observés de nombreux détails. L’appartement du maître est en forme de croix et non de T renversé, signe de l’importance de cette famille. Par ailleurs, observez les colonnes et chapiteaux. Certaines colonnes sont par exemple en marbre noir.

Colonne et chapiteau du patio.
Colonne et chapiteau du patio.

Centre culturel Tahar Haddad

Après vous être perdu dans le dédale des pièces du Dar Lasram et avoir retrouvé la Driba d’entrée, vous pouvez enfin ressortir ! Remontez la rue du tribunal jusqu’à atteindre les écuries de Dar Lasram (mahzen), aujourd’hui Centre culturel Tahar Haddad (n°20 rue du Tribunal). Vous pouvez ici admirer les œuvres exposées ou boire un thé à la menthe sous les voûtes de briques aux couleurs très chaudes (Page Facebook).

Tentant le thé à la menthe, non?
Tentant le thé à la menthe, non?
La scène, au centre de la galerie d'art.
La scène, au centre de la galerie d’art.

Palais Kheireddine (Musée d’Art Contemporain)

En sortant du club Tahar Hadad, prenez la rue du Tribunal à droite et passez devant la très étroite rue de la Noria (où se trouve une presse à huile). Vous arrivez alors à la place du Tribunal où se trouve le musée d’Art Contemporain de la ville de Tunis, installé dans le palais Kheireddine.

Kheireddine Pacha est né en 1822 dans le nord-ouest du Caucase dans « une famille de notables guerriers». Devenu orphelin, il est vendu comme esclave à Istanbul puis à Ahmed Bey de Tunis. Il entame ensuite une carrière militaire et atteint en 1853 le plus haut grade après celui du Bey. Kheireddine Pacha occupe ensuite diverses responsabilités sous le règne de Sadok Bey. En 1873, il succède à Mustapha Khaznadar comme grand vizir. Il assume un rôle de réformateur à une époque d’expansion européenne dans le bassin méditerranéen. Kheireddine, amené à diminuer le train de vie de l’État, y compris la liste civile du Bey et de sa famille, démissione en 1877, forcé par le Bey. Il retourne alors à Istanbul auprès du sultan ottoman Abdulhamid II et y décède en 1890. Notons que son effigie est reprise sur les billets actuels de 20 dinars.

Façade du palais.
Façade du palais.

Le Palais combinait une organisation traditionnelle avec des innovations européennes : façade à larges ouvertures sur rue, décor intérieur à l’italienne avec moulures dorées à la feuille. De nos jours, il n’a subsisté de cette splendeur que la partie modifiée de la façade et le décor d’un salon avec sa cheminée en fonte. En effet, avec le protectorat français et le départ du Ministre, la propriété fut morcelée à sa vente en 1881 : plusieurs propriétaires privés partageaient les annexes. Le palais lui-même, après avoir servi pour quelque temps de Tribunal, fut partagé et vendu à deux propriétaires différents en 1905.

La partie du palais située le long de la rue du Tribunal appelée palais Hafsia fut démolie entre 1910 et 1920 et une école fut construite sur le terrain libéré et les terrains avoisinants. Propriété de la communauté israélite à partir de 1908, cette partie est désormais squattée depuis la Révolution de Janvier 2011. L’autre moitié du palais donnant sur la place appelée du nom de l’ancien palais de Justice est désormais le musée d’Art Contemporain.

La driba du palais.
La driba du palais.
La galerie d'exposition du Palais Kheireddine.
La galerie d’exposition du Palais Kheireddine.

Dar Diwan

En sortant du palais, longez la façade puis tournez à gauche dans la rue de la Hafsia (ancien quartier juif de la médina). Poursuivez jusqu’à la rue Achour que vous prendrez à droite. Remontez cette rue jusqu’à la rue de l’Agha à gauche et tout de suite à droite la rue du Divan qui commence par un passage voûté (sabat). Vous passez alors devant la chambre d’hôtes « la Chambre Bleue » (24 rue du Diwan, Site Internet) puis une mosquée sur la droite. Remontez la rue jusqu’à parvenir face à une porte monumentale, l’entrée de Dar Diwan.

L'entrée de Dar Diwan.
L’entrée de Dar Diwan.

La milice turque de Tunis à l’époque de la Régence était représentée par le diwan, conseil des officiers composé de quarante membres se réunissant généralement dans la maison de l’agha (commandant en chef de la milice). Le conseil élit le Dey, commandant militaire du territoire et l’investit de sa charge mais peut le destituer voire le faire exécuter. Il joue également le rôle de tribunal militaire. C’est cette maison désormais bibliothèque de quartier que nous allons visiter.

La driba
La driba
Patio central de forme allongée. Fontaine de Kadhel (grès) en son centre.
Patio central de forme allongée. Fontaine de Kadhel (grès) en son centre.

Rue Saïda Ajoula

En quittant le Diwan, prenez ensuite à gauche jusqu’à la rue Essaida Ajoula. Saïda Ajoula était une femme sainte tunisoise. Un ami, Adel Balghaggi, un journaliste-critique passionné par la médina et par ses saints, m’a raconté son histoire.

Saïda Ajoula était une prostituée. Un soir, une petite fille du quartier vient lui réclamer du feu (un bout de charbon incandescent appelé jamara afya). Elle surprend Saïda en train de finir de préparer un plat de poisson. Saïda voyant la fille émoustillée par l’odeur du poisson, lui offre le plat entier. La jeune fille emporte le plat pensant à ses frères et sœurs affamés. Le lendemain, les fenêtres de Saïda ne s’ouvrent pas, alors qu’une odeur d’ambre et d’encens embaume sa maison. Craignant un mauvais sort, les voisins ouvrent par effraction sa porte et la trouvent morte mais toute belle et bien habillée, embaumée prête pour partir dans l’Au-Delà…

Un marabout lui est dédié dans cette rue. Si vous êtes encore en forme, descendez la rue sur 200m, vous arrivez à droite au niveau de l’Auberge de Jeunesse de Tunis sise dans une maison très agréable agencée autour d’un patio fermé magnifique.

Le patio de l’Auberge de Jeunesse.
Le patio de l’Auberge de Jeunesse.

Medersa Chamaiya

Remontez la rue Saïda Ajoula sur environ 300 mètres, traversez la rue de la Kasbah puis passez devant la gargotte Wuld el Hadj (qui propose de très bons plats tunisiens (Madfouna, mlouriya, maakat khadra, nwasser, tajine et tastira…)). De suite après le restaurant à droite, se trouve une ancienne medersa : la medersa Chamaiya.

Édifiée au XIIIème siècle par le premier souverain de la dynastie hafside Abu Zakariya Yahya, elle est la première médersa élevée au Maghreb. Par la suite, la médersa connaît une importante restauration au cours du XVIIème siècle. L’accès au monument se fait par un escalier en pierre. Le vestibule d’entrée, en chicane, aboutit à la cour, entourée de portiques sur les quatre côtés. Chaque portique comporte trois arcs en fer à cheval reposant sur des colonnes à chapiteaux hafsides. Cette medersa est à l’heure actuelle un centre de formation de couturiers d’habits traditionnels. Demandez Si Abdelkrim Hasni qui y est formateur. A l’origine, Si Abdelkrim est maître sellier, son grand père reçut le titre de maître sellier à Paris en 1936. Il était alors connu comme étant le meilleur sellier de Tunis. La profession se transmettait de génération en génération.

Porte d'entrée de la medersa.
Porte d’entrée de la medersa.
La medersa Chamaiya.
La medersa Chamaiya.
Si Abdelkrim Hasni me montrant des photos de gants servant à protéger les tatouages de henné de la mariée.
Si Abdelkrim Hasni me montrant des photos de gants servant à protéger les tatouages de henné de la mariée.

Souk El Attarine

En poursuivant, prenez à gauche, descendez 100m, tournez à droite puis de nouveau à droite. Vous arrivez dans le souk El Attarine (souk des parfumeurs).

Le souk el Attarine date du XIIIe siècle et est sans doute l’un des plus beaux de la vieille ville, avec ses boutiques étroites et profondes. Chaque échoppe est un régal pour les sens, pour l’odorat d’abord, avec toutes ces fragrances un peu lourdes et sucrées. Les yeux y trouvent aussi leur compte, éblouis par une multitude de fioles multicolores, les cônes verts de poudre de henné et d’herbes à parfum.

Une des ruelles du Souk el Attarine.
Une des ruelles du Souk el Attarine.
Etals du Souk el Attarine.
Etals du Souk el Attarine.

Au 9 bis, Souk el Attarine, le fondouk a été réhabilité (je vous laisse juger de la rénovation) pour être la vitrine de l’artisanat authentique tunisien (Page Facebook). C’est aussi un salon de thé, mais je vous conseille de pousser un petit plus la rando pour trouver un petit café plus sympathique et pittoresque.

Patio du fondouk el Attarine.
Patio du fondouk el Attarine.

Juste avant la mosquée Zitouna, sur la gauche, une grande porte cochère monumentale jaune indique l’entrée d’une ancienne caserne construite en 1810 par Hamouda Pacha pour servir de casernement aux troupes des janissaires. La caserne a ensuite fait office de prison. Ali III Bey ordonne la création d’une bibliothèque nationale, logée initialement au n°20 du Souk el Attarine, elle s’installe ensuite dans cette caserne jusqu’en 2005. Le bâtiment est en attente de restauration et est fermé au public. Il ouvre exceptionnellement ses portes lors de festivités (festival Dream City par exemple). J’y suis allé une fois mais sans l’appareil photo…


Mosquée Zitouna

Continuez à remonter le souk en longeant la mosquée Zitouna (ou de l’Olivier), édifiée en 704. De la mosquée édifiée sous le règne des Omeyyades, il ne reste presque rien car l’édifice a été reconstruit en totalité en 864 sous le règne de l’émir agghlabide Aboul Ibrahim. Il s’agit de la deuxième mosquée construite en Ifriqiya et la deuxième plus grande mosquée de Tunisie après la Grande Mosquée de Kairouan. Sa surface est de 5000 m², elle comporte 9 entrées et 184 colonnes antiques provenant essentiellement du site de Carthage.

Façade avant de la Zitouna.
Façade avant de la Zitouna.
Cour intérieure de la Zitouna.
Cour intérieure de la Zitouna.

Medersa Khaldounia

En face de l’entrée nord de la mosquée se trouve un petit couloir non couvert (la rue Ibn Abdesslam) qui mène à une ancienne medersa : la medersa Khaldounia ou medersa Asfouria datant du XIIIème siècle, d’époque hafside donc. Ibn Abdesslam fut l’un des savants dont le nom est associé à l’essor de cette medersa. Elle est ensuite le siège de la première école moderne de Tunisie (fondée en 1896).  Rattaché désormais à la Bibliothèque Nationale de Tunisie, elle constitue aujourd’hui une bibliothèque bilingue, abritant plusieurs milliers de volumes et une centaine de manuscrits.

Vous pouvez voir aussi à gauche de l’entrée de la Khaldounia la porte d’entrée de la midhat Soltane. Le Sultan Abou Amr Othoman fit construire cette salle d’ablution rituelle (midha) entre 1448 et 1450, à destination des dignitaires de la cour. Entièrement de marbre blanc, elle possède des décors géométriques en marbre noir à la puissante abstraction ainsi qu’une fontaine octogonale en son milieu, en marbre blanc elle aussi, et qui permettait à huit personnes de s’asseoir en même temps pour faire leurs ablutions. Sur les trois côtés de la salle, on retrouve des alcôves (iwans) avec des gradins maçonnés et, à leur pied, un système de rigoles pour l’arrivée et l’évacuation de l’eau. Cette midha est malheureusement fermée au public.

Le patio couvert de la Khaldounia.
Le patio couvert de la Khaldounia.

Zaouia Sidi el Klay et Mausolée Sidi Ben Arous

En haut du souk el Attarine, prenez à droite la rue Sidi Ben Arous. Passez devant la librairie Diwan, spécialisée dans les ouvrages sur la Tunisie principalement, puis le café Sidi Ben Arous où il est très agréable de s’arrêter, d’observer les passants s’activer, tout en buvant un thé à la menthe. Au niveau du café, une grande porte (peinte en bleu dernièrement) indique l’entrée du mausolée (zaouia) de Sidi el Klay (XVème siècle). Une famille habite à l’heure le mausolée. Demandez la permission d’entrer dans le patio : une petite merveille.

20 mètres plus loin, à droite, s’ouvre le mausolée de Sidi Ben Arous. Il occupe l’emplacement du lieu dans lequel Sidi Ben Arous s’est installé à son retour du Maroc. Il a été construit en 1437 sous le règne des Hafsides puis remanié en 1654 par Hammouda Pacha Bey. Même modèle de disposition des pièces : driba (pièce d’entrée) avec dokania (bancs de pierres contre les murs), suivie de sqifa en chicane. De très beau carreaux de céramique, des zelliges bleus et blancs, décorent les murs. Le plafond de la driba est peint à l’italienne.

Plafond de la driba du mausolée Sidi Ben Arous.
Plafond de la driba du mausolée Sidi Ben Arous.
Skifa du maosolée Sidi Ben Arous.
Skifa du maosolée Sidi Ben Arous.

Nous aboutissons à un patio pavé de kadhel (grès) désormais couvert, entouré d’une galerie. En face de l’entrée, la chambre funéraire, à droite, une petite salle de prière. La zaouia abrite désormais une bibliothèque et sert de siège pour les associations groupées pour la sauvegarde du Coran. Dans la chambre funéraire, se trouvent entre autres, les tombeaux de Sidi Ben Arous et de la beya Aziza Othmana.

Sidi Ben Arous est né à la fin du XVème siècle dans un village entre Nabeul et Zaghouan. Dès son jeune âge, il fait preuve d’ascétisme et de piété. Il quitte sa famille et s’installe à Tunis où il fréquente le mausolée de Sidi Mehrez, avant de partir vers Béja puis au Maroc ; il séjourne à Fès puis Marrakech et s’initie au soufisme et aux pratiques maraboutiques. Sidi Ben Arous revient par la suite à Tunis et choisit un ancien atelier comme lieu de méditation. Le souverain hafside Abou Amr Uthman le fait aménager en zaouia. Très vite, ce lieu devient une destination privilégiée des visiteurs, au point d’engendrer des bousculades interminables. Les autorités décident alors sa fermeture mais reviennent par la suite sur cette décision.

Aziza Othmana, née en 1606 et décédée en 1669, est une princesse tunisienne appartenant à la dynastie beylicale des Mouradites. Elle est la fille d’Ahmed Dey et la petite-fille d’Othman Dey. Tous deux ont été élus commandant militaire de la province de Tunis par la milice des janissaires. Aziza Othmana grandit dans le palais de son grand-père où elle reçoit une éducation solide avec pour maîtres des érudits qui lui font découvrir la civilisation islamique. Elle étudie également le Coran. Plus tard, son père la marie à Hammouda Pacha Bey de la dynastie des Mouradites ; elle quitte alors le palais pour vivre auprès de son époux. Aziza Othmana accomplit alors son hadj en emmenant ses serviteurs et esclaves.

Elle reste surtout célèbre pour ses œuvres de bienfaisance. Vers la fin de sa vie, elle affranchit ainsi l’ensemble de ses esclaves et constitue en habous (type de législation relative à la propriété foncière, voir la définition) la totalité de ses biens, soit plus de 90 000 hectares de terrains plantés ou semés, au profit d’œuvres caritatives très diverses : fonds destinés à affranchir les esclaves et racheter les prisonniers, fonds pour constituer les trousseaux de mariage des jeunes filles pauvres, etc. Le testament qu’elle rédige la dessaisit en effet de tout ce qu’elle possède. Elle fonde et participe au financement de l’hôpital qui devient plus tard l’actuel hôpital Aziza Othman. Dans son testament, la princesse Aziza Othmana fait part de son souhait de voir des fleurs déposées sur sa tombe. Son souhait est toujours exhaussé de nos jours.


Mausolée Hamouda Pacha

En sortant du mausolée de Sidi Ben Arous, vous pouvez voir, mitoyens : le mausolée de Hammouda Pacha Bey, puis la mosquée Hammouda Pacha et son minaret.

Successivement, le mausolée Sidi Ben Arous, suivi du mausolée Hammouda Pacha, suivi du minaret et de la mosquée Hammouda Pacha.
Successivement, le mausolée Sidi Ben Arous, suivi du mausolée Hammouda Pacha, suivi du minaret et de la mosquée Hammouda Pacha.

Hamouda Pacha Bey, décédé en 1666, est le second bey de la dynastie tunisienne des Mouradites. Il règne de 1631 à sa mort. Fils de Mourad Bey et d’une odalisque d’origine corse du nom de Yasmine, il se distingue autant par sa fermeté que par sa générosité et sa sollicitude envers le peuple. Durant son règne, il mène plusieurs expéditions contre certaines tribus dissidentes dans le nord-ouest et le sud du pays afin de maintenir l’ordre et la sécurité. Souverain bâtisseur, il fait notamment édifier plusieurs souks dans la médina ainsi que plusieurs palais dont le Dar Hammouda Pacha et l’ancêtre de l’actuel Dar el Bey (évoqués tous deux en début de l’article). En 1655, il fait construire par des architectes ottomans la mosquée portant son nom. De style turque avec spécificité maghrébine, elle dispose d’un élégant minaret octogonal, au pied duquel il édifie le mausolée de sa famille.

Parmi ses autres réalisations figurent l’édification avec son épouse Aziza Othmana d’un bimaristan (hôpital) dans la médina de Tunis et la reconstruction, accompagnée d’embellissements, du mausolée de Sidi Sahab (mosquée du Barbier) à Kairouan. Il achète en 1643, au diwan de la milice turque de Tunis, l’ancien palais de plaisance des souverains hafsides, le palais du Bardo. Composé initialement de trois pavillons qu’il fait restaurer, il l’agrandit par l’ajout de vergers, d’un hammam, d’un café, de souks et d’un fondouk pour les visiteurs. C’est son fils Mourad II Bey qui en fait une résidence princière quasi-permanente. Hammouda meurt en 1666 au Dar El Bey qu’il avait construit pour être plus proche du peuple. À sa mort, il est inhumé dans le mausolée situé dans la cour de sa mosquée à l’angle opposé au minaret.


Souk Ech Chaouachine

En face des mausolées de Sidi Ben Arous et de Hammouda Pacha Bey, se trouve l’entrée du Souk Ech Chaouachine.

Une des entrées du Souk Echaouachine.
Une des entrées du Souk Echaouachine.

Mohamed Bey El Mouradi fit construire ce souk en 1693. À cette époque, ce sont les immigrés andalous qui importèrent la technique de fabrication de la chéchia (couvre-chef masculin en forme de calotte). C’était une véritable industrie au vu du nombre de corps de métier impliqués dans sa fabrication. Au début du XVIIème siècle, il s’agissait déjà la première industrie du pays en termes de quantités écoulées ou exportées vers tous les ports du bassin méditerranéen.

La chéchia est un bonnet en laine de couleur rouge en Tunisie et ornée, pour les plus luxueuses, d’un gland de soie bleue ou noire. Sa confection exigeait plus de deux mois de travail, segmentée en tâches telles que le tricotage (à l’Ariana), la couture (à Bab Souika), le lavage et le foulage (à Tebourba sur le pont-barrage d’El Battan), la teinture (à Zaghouan) et enfin la mise en forme, le feutrage et la finition (dans les ateliers des souks de Tunis). Les ouvriers et les apprentis (sanaa) effectuaient les travaux par alors que le patron (maalem) se tenait au comptoir pour accueillir la clientèle et les grossistes qui exportaient les chéchias principalement vers la Turquie, l’Algérie et l’Egypte.

Echope du Souk Echaouachine.
Echope du Souk Echaouachine.

Les matières premières provenaient d’Espagne et d’Italie (laine), de France (cochenille), du Proche-Orient (la soie). Les fabricants s’organisaient en corporation, comme tous les autres métiers des souks. Le président du syndic était élu par ses pairs ou nommé par le bey régnant selon les époques, preuve de l’importance de cette activité pour la Tunisie. Il prenait également d’office la présidence du syndic de tous les commerçants de la capitale. Son rôle était d’organiser la corporation, de recommander des prix moyens, de définir des standards de qualité et de régler les contentieux entre membres de la corporation ou avec les intervenants extérieurs comme les fournisseurs ou les négociants.

Vous pouvez parcourir les allées du souk, flâner devant les boutiques, ou bien vous arrêter au fameux café des Chaouachines. Le café Chawachin, qui date de 1692 et qui a pris le nom du souk des artisans qui l’entoure, a gardé une touche traditionnelle particulière. Ainsi, les tunisois envahissent ce café pendant les soirs de Ramadan. Il prend alors des allures de « café chantant » : hadhra, chicha, café turc. La petite troupe de « mounchidine » au milieu anime l’ambiance. Tout le monde danse, assis ou debout ; difficile de résister à la tentation des chants soufis.


Fin du circuit dans la partie Ouest de la médina de Tunis

Regagnez par le haut du souk ech Chaouachine la rue Dar El Bey puis longez le palais du même nom pour arriver à la place de la Kasbah. C’est là le terminus de ce parcours dans la médina.

Laissez reposer vos pieds une journée ou deux puis n’hésitez pas à entreprendre les autres parcours que nous proposons sur le site : Partie Nord et Partie Centrale.

Pour vos prochaines visites, laissez-vous guider au hasard de vos pas, posez des questions aux habitants, demandez la permission d’entrer dans les maisons qui vous semblent intéressantes. Perdez-vous dans les ruelles, appropriez-vous l’espace. La médina de Tunis recèle de nombreux trésors cachés non décrits dans ces articles car privés. A vous de les découvrir par vous-même!

La médina de Tunis est un espace urbain exceptionnel mais en très grand péril malgré son classement à l’Unesco. Un grand nombre de maisons et d’édifices ont déjà disparu et cette tendance s’accélère. La rénovation des monuments privés et publics a un coût très élevé. Votre intérêt pour la médina, vos fréquentes visites motiveront les entreprises privées et publiques à envisager des projets de rénovation et de réhabilitation. De nombreuses chambres d’hôtes existent ou sont en cours de projet. Pourquoi ne pas se laisser tenter par un weekend dans une maison bourgeoise du XVIIème, par un repas de cuisine traditionnelle tunisienne dans une de ces maisons réhabilitées en restaurant ou tout simplement venir régulièrement siroter un thé à la menthe dans le même café par exemple? La meilleure façon de connaître la médina de Tunis est de la vivre et de la faire vivre.


Sources

  • Wikipédia
  • Palais et Demeures de Tunis (XVIème et XVIIème) et Palais et Demeures de Tunis (XVIIIème et XIXème), de Jacques Revault, Edition du CNRS
  • Maisons de la Médina – TUNIS, de Jamila Binous et Salah Jabeur, Dar Ashraf Editions
  • Sous le toit de l’Empire. La Régence de Tunis 1535-1666, de Leila Temime Blili, Edition Script
  • Tunis Ville Ottomane. Trois Siècles d’Urbanisme et d’Architecture, de Ahmed Saadaoui, Edition Centre de Publication Universitaire

Liens

Deux sites parmi tous ceux existants concernant la médina de Tunis :

  • Le site de l’Association de Sauvegarde de la Médina de Tunis : Site
  • L’Association Actions Citoyennes en Médina (L’mdina Wel Rabtine) : Site et Page Facebook

Bonne découverte !


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