Nous vous proposons de nouveau un circuit de découverte, cette fois dans la partie centrale de la médina de Tunis ! Il s’agit cette fois de découvrir un quartier un peu moins connu de la médina mais qui recèle lui aussi de véritables trésors architecturaux.

C’est de loin ma partie préférée de la médina de Tunis, car la plus dense en monuments.

Nous avons fait le choix de décrire la visite de la médina de Tunis en plusieurs parcours. Le circuit présenté ici nous fera découvrir la partie Centrale de la médina de Tunise, en partant de la Kasbah. Nous parcourrons les alentours de la rue Tourbet el Bey, de la rue des Andalous et de la place du Château, pour finir enfin du côté de Bab Mnara.

Nous avons préparé deux autres circuits dans la médina de Tunis : l’un dans la partie Ouest et l’autre dans la partie Nord.

Cette randonnée, sportive – en effet une marche de 4h dans la médina n’est pas forcément de tout repos – sera avant tout culturelle. Elle vous fera découvrir l’histoire de cette ville du Maghreb à travers ses monuments.


Départ de la visite

Le départ se fait donc depuis la place de la Kasbah (ou place du gouvernement), en haut de la médina. Vous pouvez ainsi garer votre voiture dans le parking souterrain sous l’esplanade située au-dessus de la Kasbah.

Coordonnées géographiques :
36°47’51.84 N
10°10’06.27 E

Difficulté :

  • Durée : 4 heures environ, variable suivant le temps passé dans les monuments ou dans les cafés. Vous pourrez aussi vous arrêter dans une des innombrables gargotes pour déjeuner. Non-stop, il y a 45 minutes de marche environ.
  • Ruelles pavées ou goudronnées.
  • Technicité : les pavés n’étant pas forcément nivelés, préférez une bonne paire de tennis plutôt que des talons aiguilles.
  • Attention, comme dans tout centre ville, les vols à la tire sont malheureusement possibles. Evitez les sacs à main ou bien les colliers en or…
  • N’hésitez surtout pas à frapper aux portes des sites indiqués. Souvent à vocation administrative ou culturelle, ils peuvent être fermés les samedis après-midi, dimanches ou lundis. Vous pouvez tout de même tenter votre chance et espérer, moyennant un beau sourire, l’aval des gardiens pour y entrer.
  • N’oubliez pas de consulter l’article consacré à l’histoire de la médina avant de faire ce circuit.

Notre circuit dans la partie centrale de la médina de Tunis


Astuce : pour suivre au mieux le parcours, je vous recommande d’ouvrir le plan sur GMap avec un téléphone, et le descriptif ci-dessous avec un autre téléphone 🙂


Description du parcours

Le départ de notre circuit dans la partie centrale de la médina de Tunis se fait au niveau de la place du 1er Ministère. Juste en face se trouve le Ministère des Finances. Des barbelés ceinturent désormais cette place, proche du pouvoir, pour éviter les débordements des manifestations.

Tourbet Laz

Au-dessus de la place du 1er Ministère (Dar el Bey), vous pouvez voir, avec sa belle coupole de tuiles vertes, le Tourbet Laz que l’on ne peut malheureusement pas visiter. C’est le Dey Mohamed LazIl qui construisit le Tourbet au milieu du XVIIème siècle. Le Dey de Tunis est le commandant militaire de la Régence de Tunis, élu par le diwan (conseil de la milice turque de Tunis), depuis 1591 jusqu’à la disparition de cette fonction lors de la prise de pouvoir progressive des beys mouradites.

Un Tourbet est un monument funéraire que les familles riches se faisaient construire pour abriter les sépultures des membres de leur famille. Tourbet el Laz est le 1er Tourbet qui ne soit pas associé à une mosquée. L’intérieur, organisé autour d’un patio central, se pare de plâtres sculptés et de carreaux de faïence remarquables provenant des ateliers de céramique de Tunis de l’époque.

Tourbet Laz
Tourbet Laz

Mosquée et mausolée de Youssef Dey

Prenez la rue située sous Tourbet Laz. Vous trouvez alors face à vous le mausolée de Youssef Dey, la mosquée et son minaret d’inspiration ottomane.

Minaret de la mosquée Youssef Dey et le mausolée de Youssef Dey en arrière plan
Minaret de la mosquée Youssef Dey et le mausolée de Youssef Dey en arrière plan

La mosquée Youssef Dey également appelée mosquée Sidi Youssef, est la première mosquée de rite hanéfite (plus répandu en Turquie où l’empire ottoman l’officialisa) à Tunis. Elle fût bâtie en 1614 par Youssef Dey comme l’indique une inscription qui se trouve à l’intérieur de l’édifice.

Son minaret, le premier minaret octogonal construit à Tunis, signe son appartenance hanéfite. La tour octogonale s’élève au-dessus d’une base carrée. Elle se termine par un balcon protégé par un auvent en bois, le tout est couronné par un lanternon à toit pyramidal recouvert de tuiles vertes.

Youssef Dey, soldat turc ottoman en poste à Tripoli, s’engage dans la milice de Tunis. Othman Dey le distingue et lui octroie alors de nombreux postes, jusqu’à le préférer à ses propres fils. Avant de mourir, Othman parvient à convaincre le diwan de Tunis de le nommer comme son successeur ; il lui donne par ailleurs sa fille en épouse.

Souverain bâtisseur, Youssef Dey est donc à l’origine de la construction de cette mosquée. Il fait aussi édifier autour de celle-ci un réseau de souks dont le souk Et Trouk, réservé aux revendeurs des articles de l’activité corsaire, le souk El Birka, souk des esclaves provenant des opérations de corsaires en mer Méditerranée ou de la traite négrière, et le souk El Bchamkiya ou souk des fabricants de chaussures en cuir à la mode turque, le bachmaq.

Youssef Dey, devenu vieux, s’éclipse petit à petit devant la forte personnalité de Hammouda Pacha Bey, successeur de son père Mourad Bey, qui prend de plus en plus le contrôle du diwan de la milice. Malgré cela, Youssef Dey devenu âgé parvient par des efforts diplomatiques à sceller le rattachement de l’île de Djerba à la Régence de Tunis. Pour commémorer cet événement, il fait construire un souk entier pour les marchands djerbiens à Tunis.

À sa mort, il est enterré dans la tourba qu’il s’est fait construire, reconnaissable près de la mosquée à son toit pyramidal de tuiles vertes.


Hôpital Aziza Othmana

Prenez ensuite la rue à droite, située au-dessus du minaret et qui longe l’hôpital Aziza Othmana. La dynastie mouradite fit construire cet hôpital en 1662, il s’agit donc du plus ancien hôpital de Tunis. Il figure parmi les premiers hôpitaux à exiger des règles modernes d’organisation à l’intérieur de l’établissement et à s’investir dans la propreté et la prévention.

Aziza Othmana, née en 1606 et décédée en 1669, est une princesse tunisienne appartenant à la dynastie beylicale des Mouradites. Elle est la fille d’Ahmed Dey et la petite-fille d’Othman Dey. Tous deux ont été élus commandant militaire de la province de Tunis par la milice des janissaires. Elle grandit dans le palais de son grand-père. Elle y reçoit alors une éducation solide auprès d’érudits qui lui font découvrir la civilisation islamique et le Coran.

Plus tard, son père la marie à Hammouda Pacha Bey de la dynastie des Mouradites ; elle quitte alors le palais pour vivre auprès de son époux. Elle accomplira ensuite son hadj en emmenant ses serviteurs et esclaves.

Porte d’entrée de l’hôpital
Porte d’entrée de l’hôpital

Aziza Othmana reste surtout célèbre grâce à ses œuvres de bienfaisance. Vers la fin de sa vie, elle affranchit ainsi l’ensemble de ses esclaves et constitue en habous (type de législation relative à la propriété foncière) la totalité de ses biens, soit plus de 90 000 hectares de terrains plantés ou semés, au profit d’œuvres caritatives très diverses : fonds destinés à affranchir les esclaves et à racheter les prisonniers, fonds pour constituer les trousseaux de mariage des jeunes filles pauvres, etc. Le testament qu’elle rédige la dessaisit en effet de tout ce qu’elle possède. Elle fonde et participe au financement de cet hôpital.

Dans son testament, la princesse Aziza Othmana fait part de son souhait de voir des fleurs déposées sur sa tombe. Son souhait est toujours exhaussé de nos jours au mausolée de Sidi Ben Arous déjà décrit dans le Circuit dans la partie Ouest de la médina de Tunis.

Patio de l’hôpital
Patio de l’hôpital

Souk el Berka

Au fond de la rue, entrez dans les souks à gauche, avant le restaurant, prenez la 1ère à droite, puis la 1ère à gauche, vous longez quelques boutiques de tailleurs puis vous entrez dans le souk el Birka (souk des esclaves) cité ci-dessus.

Désormais souk des bijoutiers, il montre l’engouement de la femme tunisienne pour les bijoux. D’ailleurs, les occasions d’en recevoir ne manquent pas. Peu avant le mariage, le futur époux offre à sa fiancée un certain nombre de pièces dont la valeur est en rapport avec le rang social et la beauté de celle-ci. Le père se doit aussi d’offrir à sa fille des bijoux le troisième jour de son mariage. Sans parler des naissances, des circoncisions et autres festivités, bien entendu… Les boutiques reflètent aussi la richesse des bijoutiers : devantures en bois richement sculptés et peint, vitrines rutilantes de mille éclats….

Vous parvenez alors à une placette couverte, entourée de boutiques de bijoutiers.

Souk el Birka
Souk el Birka

Cette place, de forme carrée, était le lieu où les esclaves étaient présentés et attendaient le dénouement de la vente. Elle était couverte d’une coupole centrale et de plusieurs voûtes latérales, le tout soutenu par quatre colonnes à chapiteaux hafsides. Les esclaves se vendaient à la criée et les acheteurs potentiels s’asseyaient sur des banquettes installées autour de ce souk et participaient aux enchères. Ahmed 1er Bey décrète l’abolition de l’esclavage en Tunisie en 1846.

Concernant la traite des esclaves provenant des opérations de corsaires en mer Méditerranée, je vous recommande le livre suivant : “Esclaves chrétiens, maîtres musulmans : L’esclavage blanc en Méditerranée (1500-1800)” de Robert C. Davis.

En bas de la place, prenez à gauche. Tout de suite à gauche, une boutique qui n’en est pas une : c’est le bureau de l’amine, expert et anciennement chef de la corporation.

Il reçoit dans ce bureau, des bijoux que des particuliers, surtout des femmes, viennent vendre. Il examine les pièces car seul l’or poinçonné est accepté, il s’assure de l’identité du vendeur et distribue les lots entre les dallal (sorte de commissaires priseurs ou de crieurs publics). Chaque dallal dispose d’une boite-vitrine où il place les bijoux dont il a la charge de vendre. Et commence alors pour lui un manège le conduisant d’un enchérisseur à l’autre : un commerçant derrière son comptoir, un particulier à l’affût d’un vieux bijou…

Vers treize heures, les prix n’augmentent plus, le dallal revient au bureau de l’amine. Là l’attend le propriétaire du bijou ; si le prix l’agrée, la vente est conclue et un pourcentage revient au dallal. Sinon le bijou est retiré de la vente pour revenir, peut-être, un autre jour où les conditions seront meilleures.


Souk et Truk et Souk el Attarine

Continuez tout droit puis à l’intersection, descendez à droite dans le souk el Trouk. Vous passez alors devant le café M’rabet qui vient de réouvrir ces portes après rénovation. Il s’agit de l’un des plus anciens cafés tunisois dont la fondation remonterait au XVIIème siècle. Vous pouvez y entrer pour une petite visite. Ne manquez pas à l’intérieur, sur la gauche, les trois catafalques, sépultures de trois saints dont l’identification reste mystérieuse.

Continuez le parcours en longeant les boutiques d’antiquaires, dont les plus célèbres : la Rachidia puis Ed-Dar sur la gauche.

Traversée du Souk et-Trouk
Traversée du Souk et-Trouk

Mosquée es Zitouna et Souk el Fekka

Continuez à descendre en longeant sur la droite la mosquée ez Zitouna. Vous arrivez dans le souk el Attarine. Notons que cette partie a déjà été décrite dans le Circuit dans la partie Ouest de la médina de Tunis. Vous pouvez vous y référer.

En bas de la mosquée, tournez à droite sur l’esplanade. Vous longez alors la galerie de l’entrée principale de la Zitouna. C’est le souk el Fekka. C’est là que l’on achète les ingrédients nécessaires à la préparation des gâteaux présents à toutes les fêtes de la naissance, à la circoncision, au mariage, ou bien encore lors de l’aïd el Seghir qui marque la fin du mois de ramadan.

Galerie au dessus de l’entrée principale de la Zitouna
Galerie au dessus de l’entrée principale de la Zitouna
La mosquée Zitouna, vue depuis le toit d’une boutique voisine
La mosquée Zitouna, vue depuis le toit d’une boutique voisine

Medersa el Nakhla, Medersa el Bachia, mausolée Ali Pacha, Medersa Slimania

Continuez tout droit et entrez dans la rue des Libraires. Nous allons y trouver la succession de trois medersa.

On retrouve dans chacune d’elles les différents éléments caractérisant habituellement ce genre de monuments, à savoir les cellules d’ hébergement des étudiants ouvrant sur les trois côtés d’une cour centrale, le quatrième étant occupé par la mosquée qui sert pour les cours et la prière.

La première à l’entrée de la rue à droite, derrière une grande porte oranger est la Medersa el Nakhla (du palmier), construite en 1714. Son nom lui vient de l’immense palmier qui couvre le patio central de ses palmes.

Le patio de la medersa el Nakhla
Le patio de la medersa el Nakhla

Un portique en arcs brisés élevés sur colonnes de pierre à chapiteaux turcs, court sur les quatre côtés. Une association religieuse y veille à l’apprentissage du Coran à l’heure actuelle. Vous pourrez entrer silencieusement jusqu’à l’entrée du patio, à condition que la porte soit ouverte.

En sortant de la médersa, poursuivez à droite sous le sabbat (passage voûté). A droite, se trouve l’entrée de la Medersa el Bachia construite en 1752 par Ali Pacha. La cour carrée avec ses alignements de trois arcs de chaque côté, portés sur colonnes de marbre noir à chapiteaux en marbre blanc, se veut plus riche que la précédente.

Patio de la Bachia
Patio de la Bachia
Dokenia dans la driba de la Bachia
Dokenia dans la driba de la Bachia

A côté de l’entrée, on remarque le sébil ou fontaine publique qu’Ali Pacha adjoignit à sa fondation pieuse. Ce sébil est constitué par un bac en pierre. Après sa restauration, une école d’apprentissage de l’artisanat s’installe dans la merdersa.

Ali 1er Pacha, également connu sous le nom d’Ali 1er Bey, né en 1688 au Kef et mort en 1756. En 1735, il parvient à déposer son oncle Hussein Ier Bey avec l’aide des troupes du dey d’Alger.  Il fait alors son entrée solennelle dans Tunis, précédé de son fils aîné Younès, en promettant aux habitants que leurs biens seraient respectés. Souverain bâtisseur, il fait édifier plusieurs monuments à Tunis, dont les médersa El Bachia, Achouriya, Bir Lahjar, et Slimania. Il fait construire peu avant sa mort la tourba Ali Pacha, ainsi que la tourba de Lalla Memia, zaouïa au grand dôme de tuiles vertes. Elle se trouve au sommet de la colline du Djellaz, près du mausolée Sidi Belhassen Chedly.

Réfugiés en Algérie, les princes Mohamed Rachid et Ali, fils du défunt Hussein Bey, réussissent finalement à gagner à leur cause le dey d’Alger qui se plaint des procédés d’Ali qui règne à Tunis. Une armée algérienne, sous le commandement du bey de Constantine, se met en marche en 1756 vers Tunis afin de permettre aux deux princes de recouvrer le trône de leur père. Les Turcs d’Alger emprisonnent Ali. Il est étranglé par des partisans de son cousin et successeur Rachid. Il est ensuite inhumé dans son mausolée situé dans la médina de Tunis.

Entrée du mausolée de Ali Pacha
Entrée du mausolée de Ali Pacha
Patio du mausolée de Ali Pacha
Patio du mausolée de Ali Pacha

Ce mausolée Ali Pacha, édifié en 1752, se trouve tout de suite à droite après l’entrée de la Bachia. A la driba, surélevée par rapport à la rue et décorée de panneaux de céramique, succèdent un joli patio à portiques soutenus par douze colonnes de marbre blanc puis la pièce funéraire surplombée d’une magnifique coupole décorée de stuc sculpté. Les murs de cette salle sont couverts de marbre polychrome italien et les colonnes de marbre groupées par trois aux quatre angles de la pièce sont effilées et couronnées par des chapiteaux à volutes.

L’Association des Anciennes élèves du Lycée de la Rue du Pacha (AALP), premier lycée tunisien pour filles en Tunisie, occupe la Tourba Bachiya depuis plusieurs années. Elle y mène plusieurs activités culturelles et sociales : ciné-club, conférences, lectures ou bien remises de prix aux élèves du lycée…

En face de la Medersa el Bachia, se trouve le hammam el Kachachine, réservé aux hommes. Il faut traverser la boutique d’un coiffeur pour entrer dans ce hammam très pittoresque.

L’entrée du Hammam
L’entrée du Hammam

Nous arrivons ensuite à la 3ème médersa, fondée en 1754, deux ans après la fondation de la Medersa el Bachia. La Medersa Slimania occupe l’angle du souk des Libraires et du souk el Kachachine. En sortant du mausolée Ali Pacha, prenez à nouveau à droite.

L’entrée, magnifique, se trouve en face de vous. Ali Pacha dédia la Slimania à la mémoire de son fils Suleimane, mort empoisonné par son frère. Cette médersa se distingue par un porche monumental, élevé sur colonnes à chapiteaux turcs et couronné d’une corniche en tuiles vertes. L’ensemble surélevé par rapport à la rue, prend une allure plus élancée. L’entrée est décorée de faïence à bouquets et comporte des banquettes en pierre.

Porche monumental de la Slimania
Porche monumental de la Slimania

Cette entrée, typiquement orientale, a été la source d’inspiration de nombreux artistes orientalistes. Voici deux exemples.

Une aquarelle
Une aquarelle
et une peinture
et une peinture

Une galerie à arcs brisés reposant sur colonnes de calcaire et chapiteaux à volutes entoure le patio rectangulaire.

La Salle de prière de la Slimania
La Salle de prière de la Slimania

Comme les autres médersas, la Slimania a reçu une nouvelle affectation. Il s’agit désormais d’un centre culturel où vous pourrez assister à des animations le samedi après midi notamment.


Dar Belhassen et Dar Hedri

En sortant de la Slimania, prenez en face la rue El-Khomsa, de façon à passer sous le Sabat. Au fond de la rue à l’intersection avec le rue du trésor, se trouve derrière l’imposante façade de pierres, Dar Belhassen, du nom de l’une des plus illustres familles maraboutiques de Tunis, les Cheikhs de la confrerie d’Abou el Hassen ech Châdili, originaire du Yemen et qui fonda au XIIIème siècle, la secte des Chadlia. Au sud de Tunis, sur les hauteurs du Djellaz, fut construit au XVIII-XIXème siècle la zaouia du saint.

Façade de Dar Belhassen, malheureusement délabrée
Façade de Dar Belhassen, malheureusement délabrée

Prenez à droite et longez du même côté pour arriver devant une autre façade tout aussi imposante, celle de Dar el Hedri, datant du XVIIème siècle. Pour l’anecdote, au centre du plafond de la driba d’entrée, une étrange inscription fait allusion à des malheurs passés :

” Joie parfaite aux habitants de cette demeure! Ne redoutez plus en votre maison ce que vous redoutiez autrefois. Habitez-y dans la paix, en toute quiétude. L’ardeur de l’amour sera votre garde tutélaire”.

Le mystère contenu dans cette inscription n’a pour le moment pas été éclairci. La famille El-Hedri, originaire d’Arabie, donna plusieurs hommes religieux, commerçants, artisans et propriétaires terriens. La maison désormais inhabitée, tombe malheureusement en ruine.


Rue Tourbet el Bey, Dar Ibn Khaldoun

Au bout de la rue du Trésor, prenez à gauche et descendez ensuite la rue Tourbet el Bey.

Le haut de la rue Tourbet el Bey
Le haut de la rue Tourbet el Bey

Avancez un peu après le sabat (passage vouté) : sur votre droite se trouve la maison où naquit Ibn Khaldoun.

Façade de la maison où naquit Ibn Khaldoun
Façade de la maison où naquit Ibn Khaldoun

Désormais bâtiment administratif de l’Institut National de Patrimoine, vous pouvez entrer et jeter un œil dans le patio.

La patio de la maison
La patio de la maison

Ibn Khaldoun, né en 1332 à Tunis et mort en 1406 au Caire était un historien, philosophe, diplomate et homme politique. Sa façon d’analyser les changements sociaux et politiques de son époque a conduit à considérer Ibn Khaldoun comme un « précurseur de la sociologie moderne ». Depuis le plus jeune âge, il reçoit une éducation arabe classique très rigoureuse : langue arabe, apprentissage du Coran, théologie. Il étudie ensuite à l’Université Zitouna, mathématiques, astronomie, logique, philosophie, médecine.

Suite à une épidémie de peste et à une famine, Tunis connaît alors une période de marasme intellectuel. Ibn Khaldoun songe à quitter la cité pour aller vivre à Fès afin d’assouvir sa soif de connaissance et de rejoindre son professeur Al-Abuli, même si son frère aîné tente vainement de l’en dissuader. Néanmoins, son rêve de partir pour Fès ne peut se réaliser tout de suite. En effet, suivant la tradition familiale, Ibn Khaldoun aspire à une carrière politique.

Au début des années 1350, sa réputation va grandissante et parvient jusqu’au palais royal. Il commence alors véritablement sa carrière politique à l’âge de 18 ans, en tant que garde du sceau du sultan. Avec l’invasion de l’Ifriqiya en 1352 par le sultan berbère de Constantine, il peut enfin quitter Tunis en prenant pour prétexte la défaite de son maître et rejoindre Fès alors à son apogée. Son périple le mènera à Grenade, puis en Agérie. Il ne reviendra à Tunis qu’en 1378 pour enseigner à la Zitouna, qu’il quittera 4 ans plus tard pour Le Caire.

Un peu plus bas à droite, vous trouverez une très belle petite mosquée, où Ibn Khaldoun suivait ses études.

Mosquée où Ibn Khaldoun suivait ses études
Mosquée où Ibn Khaldoun suivait ses études

A droite de cette petite mosquée, au fond de l’impasse Benlamine, une maison d’hôte a ouvert ses portes : il s’agit de Dar Traki.

Poursuivez ensuite dans la rue Tourbel el Bey sur une vingtaine de mètres et prenez la 1ère à droite dans la rue du Riche. La visite du Torbet el Bey (tombeaux de la famille beylicale) juste un peu plus loin se fera lors d’un prochain parcours.

Une pause tarte aux fruits s’impose alors à la pâtisserie Zitouna à droite sous le sabat de dar Jelouli. Vous trouverez notamment biscuits secs, cakes aux noisettes, amandines, tartes aux fruits et harissa…

Ne pas hésiter à s'arrêter et à déguster!
Ne pas hésiter à s’arrêter et à déguster!

Dar Jellouli

Tout de suite après le double sabat, à gauche, se trouve l’entrée de Dar Jellouli.

Porte d'entrée monumentale de Dar Jellouli
Porte d’entrée monumentale de Dar Jellouli

Cette porte ouvre sur une dribat (sas d’entrée) avec de part et d’autre les doukana (bancs de pierre). L’entrée de la demeure se trouve au fond, désormais désaffectée puis à gauche, l’entrée du ali, étage à l’époque réservé aux invités puis ensuite occupé par les maîtres des lieux.

L’intérieur de la dribat
L’intérieur de la dribat

C’est la grande fortune de la famille Jellouli qui fit donner à la rue le nom de “Rue du riche”. Cette famille dont le fief était à Sfax (cf le musée de Dar Jallouli à Sfax), est originaire du Maroc, voire d’Andalousie. N’étant ni Turcs, ni Tunisois, ils constituèrent tout de même une dynastie de dignitaires, haut fonctionnaires du Makhzen, à Tunis, Sfax ou Sousse.

Les Jellouli s’impliquèrent également dans les opérations d’importations et d’exportation sous la régence ottomane.

Mahmoud Djellouli riche armateur, caïd ,conseiller de Hammouda Bey, grand douanier et ambassadeur, acquiert cette demeure qui appartenait à Rejeb Khazndar, principal ministre du bey. Ce sera la maison principale, Dar Kabira. Mahmoud y ajoute ensuite une « maison d’hôtes » luxueuse et une chambre sur les terrasses (kshuk)et de vastes entrepôts (makhzen).

Patio de la maison des hôtes de dar Jellouli
Patio de la maison des hôtes de dar Jellouli

La demeure abrite aussi une maison de services (dwiriya), un hammam privé et un mausolée familial (turba), situé à gauche à l’autre extrémité de la rue du riche, très vite repérable par sa coupole claire et sa belle porte plaquée de cuivre.


Rue des Andalous

Nous poursuivons notre balade en tournant à droite de suite après l’entrée du Dar Jellouli, dans la rue des Andalous.

Le bas de la rue des Andalous
Le bas de la rue des Andalous

La rue des Andalous a la réputation d’être l’une des plus belles de la médina de Tunis.

Elle doit son nom au fait d’avoir servi d’asile à un nombre important de réfugiés andalous aisés. Cette rue a en effet un passé de riche quartier résidentiel et cela perdure encore sensiblement, entre autres avec la présence des portes de palais traditionnelles à panneaux en fer peints ou des impressionnants passages voûtés et décorés, construits en briques pleines.

Il faut savoir que l’histoire de l’émigration des Andalous en Tunisie commence bien avant la chute de Grenade en 1492, mais elle s’est intensifiée depuis cette date. Elle s’est prolongée sur deux siècles avant l’expulsion totale de tous les Morisques andalous de la péninsule ibérique en 1610.

On peut dire qu’ils ont quelque peu contribué à l’évolution de la société tunisienne. Les premiers venus ont été privilégiés par le pouvoir hafside, vu leur haut niveau culturel et social. Ils étaient « des distingués poètes, des brillants secrétaires, des savants renommés, des princes et des valeureux guerriers » qui ont alors occupé d’importantes charges politiques et administratives au sein du royaume tunisien.

Contrairement à cette vague « d’élites », les vagues d’immigration suivantes étaient essentiellement constituées d’agriculteurs et d’artisans qui fondèrent les villages de Kaalat el Andalous, Testour, Zaghouan, et plusieurs autres au Cap Bon. Cette installation a été encouragée par les autorités turques, à travers d’attractives concessions de terres, de dons et d’exonérations fiscales. Leur influence se ressent aussi dans les domaines de l’agriculture, de la cuisine, de la musique (grâce au Malouf, musique typique aux origines hispano-andalouses) et de l’architecture.

Dans l’ordre, dans cette rue, vous longez Dar el Kahia à droite, Dar Ben Hamida et Dar Zaïd, Dar el Chamakh, Dar Cheikh Ben Youssef à gauche, puis Dar Lakhoua sous le sabbat et Dar el M’Bazaa à droite. Début 2014, cette rue et ces maisons ont été au centre du tournage d’une sitcom diffusée pendant le Ramadan.


Hammam Daouletli

Après le sabbat, tourner à gauche dans la rue el Abri, vous arrivez à l’intersection avec la rue Mohsen. A l’angle à droite, le hammam Daouletli, connu pour les vertus curatives des maladies de peau, est jusqu’à ce jour en activité.

Entrée du hammam Daouletli
Entrée du hammam Daouletli

Rue Mohsen

Prenez à droite dans la rue Mohsen. De nouveau, vous traverserez un sabbat, avec à droite un artisan menuisier puis à gauche un vendeur d’essence de parfum. Vous arrivez alors, en haut de la rue, devant Dar Mohsen.

Rue Mohsen
Rue Mohsen

Le palais Mohsen occupe l’emplacement de l’un des espaces faisant partie du grand palais des Bani Khourassan dont on reparlera par la suite. C’est Hadj Younès Ben Younès, riche armateur et commerçant au temps de Hammouda Pacha Bey, qui fit contruire cette demeure. Au milieu XIXème siècle, le palais devient la propriété de la famille Lasram et fût racheté ensuite par le Cheikh Mohamed Mohsen El Akbar à la fin du XIXème siècle, Grand Imam à la mosquée Zitouna. Le palais est constitué d’une Driba réservée à l’accès intime des membres de la famille, des makhzens (magasins, écuries) et d’une habitation principale.

La demeure principale, de type aristocratique, est constituée sur deux étages, elle présente une distribution à l’image de celle des maisons traditionnelles de la Médina. Ainsi, les pièces s’articulent autour du patio. Au premier étage, on trouvait une chambre simple et une grande salle d’apparat à trois Kbou trés luxueuse avec un style ornemental Andalou et italianisant réalisée par El Hadj Younès Ben Younès et embellie par Mohammed Mohsen El Akbar. En 1989, un incendie détruit le grand salon d’apparat. L’Etat rachète alors le palais, qui devient une annexe de l’Institut National du Patrimoine.


Mosquée du Château et Dar Hassine

Juste après le sabbat, nous arrivons sur la place du château. A gauche la très belle mosquée El Ksar (du Château) et à droite, le Dar Hussein. La mosquée fut une mosquée royale qui dépendait d’un château, situé à l’emplacement actuel du Dar Hassine, qui était la demeure des souverains khourassanides. L’ensemble a été bâti très probablement sous le règne d’Ahmed Ibn Kourassane (1100-1128).

Mosquée el Ksar (du Château)
Mosquée el Ksar (du Château)

Les conquérants turcs rattachent la mosquée au rite hanéfite vers 1598. La mosquée bénéficie de nombreux travaux de consolidation et de rénovation (dont une dernière phase vient de se terminer). Le minaret a ainsi été réédifié par le dey Hadj Mohamed Laz Dey (1647) et décoré par du marbre et de la terre cuite émaillée selon un style hispano-mauresque ; sa façade orientale est décorée avec de grands arcs en fer de cheval de style fatimide et sanhadjite.

L’accès à la mosquée se fait par une porte sous un passage couvert qui ouvre sur une cour surélevée (que l’on peut apercevoir depuis le sabbat) par rapport à la salle de prière. Celle-ci est entourée par un portique à colonnes et chapiteaux de type turc alors que la salle de prière est surmontée de voûtes d’arêtes à doubleaux supportées par des colonnes et chapiteaux de type antique.

Au fond de la salle, le mihrab, de dimensions remarquables, est formé d’une niche semi-circulaire rythmée de sept niches séparées par des pilastres. Il est surmonté d’une demi-coupole en cannelure de style fatimide.

Vue sur le minaret
Vue sur le minaret

En face donc, le Dar Hassine est l’un des plus beaux palais de Tunis.

Demeure construite sur l’emplacement de la cité princière des XIème et XIIème siècles, elle est l’habitation successive de princes, de deys et de beys. Ses riches propriétaires ne cessent de l’embellir et de l’agrandir avec de vastes salles de réception et deux patios. Reconstruite par Ismail Kahia, ministre et gendre d’Ali Ier Pacha, c’est au XIXème siècle que Youssef Saheb Ettabaa, ministre favori d’Hamouda Pacha, achète et embellit le palais. C’est à lui que l’on doit les décorations actuelles : patio décoré de dallages et de colonnes de marbre blanc, chapiteaux de style néo-corinthiens, faïences de Kallaline, stucs, boiserie peintes, etc…

En 1858, le Dar Hassine abrite le premier Conseil municipal de Tunis d’où son nom de Dar el Achra (Maison des dix) par référence aux dix notables qui formaient ce conseil. Le général Husseïn, réformateur proche du grand vizir Kheireddine Pacha, s’installe dans le palais qui porte ainsi son nom. En 1882, le général Léonard-Léopold Forgemol de Bostquénard, commandant des forces françaises occupant le pays, y installe son état-major qui y demeure durant toute la durée du protectorat. La place du Château, située devant l’entrée, est aménagée à cette époque sur un ancien cimetière. Depuis 1957, le Dar Hassine est le siège de l’Institut national d’Archéologie et d’Art devenu Institut National du Patrimoine en 1993.

Le palais ne se visite malheureusement pas, mais vous pouvez demander au gardien de vous laisser pénétrer dans le patio. La palais organise parfois des concerts dans le patio. Ne les ratez pas!

Le patio du Dar Hassine
Le patio du Dar Hassine
Détail du mur dans le patio
Détail du mur dans le patio

Dar Balma

Sur la place, remontez en direction de la mosquée et juste avant le sabbat, prenez à droite dans la rue Sidi Boukhrissane. Dans le coude formé par la ruelle, une très belle porte cochère à gauche, celle de Dar Balma.

Porte d’entrée de Dar Balma
Porte d’entrée de Dar Balma

Propriété d’une ancienne famille andalouse mais originaire de Palma de Majorque, cette maison possède un patio, agrémenté d’un oranger et entouré de quatre façades différentes. Des colonnes à chapiteaux hafsides pour le bas et turcs pour le haut soutiennent les portiques inférieurs et les galeries de l’étage. Carreaux de faïence et plâtre sculpté décorent uniquement l’intérieur des appartements.


Dar Haddad

Le passage voûté de cette rue nous amène à la rue du Dey, d’autres maisons prestigieuse se trouve dans ce quartier : Dar el Dey, Dar Riahi… et de suite sur la gauche en remontant vers le magasin touristique “la maison du château”, au fond de l’impasse de l’Artillerie, Dar Haddad.

L’édifice, élevé au XVIème siècle, porte depuis le XVIIIème siècle le nom de Saïd el-Haddad, riche fabricant de chéchias et notable appartenant à l’une des plus grandes familles d’origine andalouse qui se sont installées en Tunisie. En 1734, ce dernier fait de la demeure un bien inaliénable au profit des deux épouses de son père. Par la suite, le bâtiment acquis par la municipalité de Tunis fait l’objet d’une restauration effectuée par les services archéologiques de l’Institut National du Patrimoine.

L’entrée du palais donne sur l’impasse, ancien passage privé réservé au propriétaire et aux membres de sa famille. Trois vestibules en chicane donnaient accès à une cour carrée encadrée de portiques sur les trois côtés. A l’entrée sur la gauche, une pièce sert de mausolée familiale.

La salle abritant le mausolée
La salle abritant le mausolée

Les colonnes, en pierre kadhal (calcaire ocre) à chapiteaux hafsides, soutiennent la retombée des arcs par l’intermédiaire de hautes impostes. Le quatrième côté de la cour présente trois niches allongées atteignant la hauteur des portiques. Les deux niches latérales sont meublées à leur base de banquettes de pierre alors que la niche centrale est percée d’une porte inscrite dans un cadre rectangulaire en calcaire.

Le patio
Le patio

À l’étage, une galerie entoure les quatre côtés. Les colonnes, dont celles des angles sont groupées par trois, présentent des bases à pans coupés. Une balustrade en bois tourné relie les colonnes entre elles.

Zoom sur les éléments de la galerie
Zoom sur les éléments de la galerie

La distribution de Dar Haddad se distingue par une particularité que l’on voit rarement dans la répartition des autres palais de la médina : l’espace de service n’est pas séparé de l’habitation des maîtres, comme c’est très souvent le cas, mais se trouve réparti de part et d’autre de la grande salle d’apparat qui fait face à l’entrée. La pièce la plus importante de la demeure se trouve à l’étage côté ouest ; elle est aménagée selon un plan assez singulier, constitué d’une salle à défoncement central flanquée de quatre chambrettes latérales. La chambrette nord présente une cheminée surmontée d’une hotte conique. Cette cheminée, d’inspiration ottomane, n’a pas d’équivalent dans toute la médina de Tunis.

La décoration du palais comprend des plafonds de bois soigneusement peints et sculptés ainsi que des stucs finement ciselés de style andalous. Par l’originalité de son plan et la diversité de ses éléments décoratifs et architecturaux mêlant influences ottomanes et andalouses, Dar El Haddad représente l’un des édifices historiques les plus remarquables de la médina de Tunis


Dar Bel-Cadi et Dar Ben Mahmoud

En sortant de la driba de Dar el Haddad, tournez à gauche, montez une trentaine de mètres et tournez à gauche dans la rue Ben Mahmoud, vers le sabbat. Au niveau de ce passage couvert, vous longez à gauche deux maison bourgeoises, en commançant par Dar Bel-Cadi.

La famille Bel-Cadi, famille de notables et personnages religieux vénérés est d’origine turque. Une porte droite en kadhel (calcaire) surmontée d’un arc avec motif géométrique ouvre sur une succession de trois skifa. Elles mènent sous un portique à trois arcs et colonnes à chapiteaux hafsides qui précède la cour autrefois agrémentée d’un oranger. La pièce principale, en T et avec le kbou, se trouve à droite du patio. A l’étage, une belle galerie aux colonnes de kadhel à chapiteaux turcs.

Patio et vue sur le portique à trois arcs
Patio et vue sur le portique à trois arcs
La galerie supérieure
La galerie supérieure

Cette maison est désormais un restaurant : Dar Essaraya et un magasin touristique. La renovation, la décoration et le mobilier est d’un style assez lourd et a, je pense, dénaturé l’esprit et ôté le charme de la demeure décrit par J. Revault dans “Palais et Demeures de Tunis (XVIème et XVIIème siècle)” mais je vous laisse juger par vous même. N’hésitez pas à frapper et à demander à visiter la demeure. Vous pourrez, de la terrasse, admirer les toits et différents minarets de la médina.

Vue sur les toits du Dar Hassine depuis la terrasse du Dar Bel-Cadi
Vue sur les toits du Dar Hassine depuis la terrasse du Dar Bel-Cadi

A gauche de l’entrée principale, une porte suivie d’un escalier mène au Dar el Dyaf (appelé aussi le ali) à partir d’un escalier étroit.

L’entrée du patio du ali
L’entrée du patio du ali
Le patio du ali
Le patio du ali

Ensuite, du même côté de la ruelle, Dar Ben Mahmoud. Cette grande demeure termine, à proximité de Bab M’nara, le quartier aristocratique des Deys, comme le quartier Nord de la rue Sidi Ben Arous et de la rue du Pacha (décrit dans le Circuit dans la partie Ouest de la médina de Tunis) fut le quartier aristocratique des Beys mouradites et des Pachas. D’origine turque elle aussi, la famille Ben Mahmoud el Hanafi s’est distinguée par ses ulémas, ses chefs religieux et de grand personnages du Mahzen.

Deux belle portes, l’une entrée de la maison du maître et de sa famille, l’autre celle de l’étage, réservée autrefois aux hôtes (dar el dyaf), ouvrent sur le sabat. La maison principale est malheureusement fermé, mais Revault nous décrit une suite de skifas mènant au westdar (patio central) muni de deux portiques à colonnes de marbres et chapiteaux néo-corinthiens. A l’étage, une galerie à colonnes de calcaire et chapiteaux turcs.


Mausolée des Boukhrissane

Remontez sous le sabat la rue Ben Mahmoud et prenez à droite. Vous longez alors la nécropole des Boukhrissane cités ci-dessus.

La façade du mausolée des Boukhrissane
La façade du mausolée des Boukhrissane

Situé dans un petit jardin, vous y trouverez une fontaine, une tombe surmontée d’un turban sculpté dans le marbre et un mausolée sous lequel un magnifique catafalque en bois.

La tombe
La tombe
La fontaine et le mausolée en arrière plan
La fontaine et le mausolée en arrière plan

Une ambiance mystique règne dans ce lieu. L’édifice affectant la forme de la coupole funéraire classique au Maghreb, date du XIème siècle. Le dôme hémisphérique s’élève sur un tambour circulaire plus large qui repose sur une base carrée, alors que quatre gros piliers soutiennent l’ensemble et en soulignent le caractère imposant.

Jusqu’à il y a quelques années, le lieu était aménagé en musée, il est désormais désaffecté. Vous pouvez tout de même frapper, un gardien, s’il est présent, vous ouvrira (plutôt le samedi matin il me semble).


Bab M’nara

En sortant, prenez maintenant à gauche puis remontez vers le souk es Sakajine, anciens souk des selliers et des artisans du cuir (dont il reste quelques boutiques).

Le souk es sakajine, un peu d’ombre parfois bienvenue
Le souk es sakajine, un peu d’ombre parfois bienvenue

Prenez alors à gauche vers la sortie du souk et Bab M’nara. Au milieu de la rue, vous passerez à côté d’une tombe dont l’histoire semble assez floue.

Artisans de cuirs et tombe au milieu de la rue
Artisans de cuirs et tombe au milieu de la rue

Vous arrivez ensuite en dehors du souk, sur la place de Bab M’nara. Sur votre droite, un mausolée, celui de Anselm Turmeda, appelé par la suite Abdallah at-Tarjuman (le traducteur) après sa conversion à l’Islam.

Le mausolée de Abdallah at Tarjuman
Le mausolée de Abdallah at Tarjuman

Né en 1355 à Palma de Majorque et décédé en 1423 à Tunis, il fut un écrivain puis traducteur du sultan hafside de Tunis Abu al Abbas Ahmad al Mustansir. Durant sa vie, il écrit divers ouvrages en catalan et en arabe.


Mosquée de la Kasbah

Il vous restera ensuite à remonter le boulevard Bab Jdid en longeant les bâtiments du Ministère de la Défense et la très belle mosquée de la Kasbah, dont la minaret est encore munit du porte drapeau annonçant les prières.

Minaret de la mosquée de la Kasbah
Minaret de la mosquée de la Kasbah

Voilà, notre circuit au coeur de la médina de Tunis se termine. Pour vous remettre de vos émotion, vous pouvez enfin vous reposer et boire un bon thé à la menthe sur cette place !


Fin du circuit dans la partie centrale de la médina de Tunis

Regagnez le parking de la Kasbah, c’est là le terminus de notre 3ème parcours dans la médina. Laissez reposer vos pieds une journée ou deux puis n’hésitez pas à entreprendre les autres parcours que nous proposons sur le site : Partie Ouest et Partie Nord.

Pour vos prochaines visites, laissez-vous guider au hasard de vos pas, posez des questions aux habitants, demandez la permission d’entrer dans les maisons qui vous semblent intéressantes. Perdez-vous dans les ruelles, appropriez-vous l’espace. La médina de Tunis recèle de nombreux trésors cachés non décrits dans ces articles car privés. A vous de les découvrir par vous-même!

La médina de Tunis est un espace urbain exceptionnel mais en très grand péril malgré son classement à l’Unesco. En effet, un grand nombre de maisons et d’édifices ont déjà disparu et cette tendance s’accélère. La rénovation des monuments privés et publics a un coût très élevé de nos jours. Nul doute que votre intérêt pour la médina, vos visites régulières motiveront les entreprises privées et publiques à envisager des projets de rénovation et de réhabilitation.

Actuellement, de nombreuses chambres d’hôtes existent ou sont en cours de projet. Pourquoi ne pas se laisser tenter par un weekend dans une maison bourgeoise du XVIIème, par un repas de cuisine traditionnelle tunisienne dans une de ces maisons réhabilitées en restaurant ou tout simplement venir régulièrement siroter un thé à la menthe dans le même café par exemple?

Bref, la meilleure façon de connaître la médina de Tunis est de la vivre et de la faire vivre.


Sources

  • Wikipédia
  • Palais et Demeures de Tunis (XVIème et XVIIème) et Palais et Demeures de Tunis (XVIIIème et XIXème), de Jacques Revault, Edition du CNRS
  • Maisons de la Médina – TUNIS, de Jamila Binous et Salah Jabeur, Dar Ashraf Editions
  • Sous le toit de l’Empire. La Régence de Tunis 1535-1666, de Leila Temime Blili, Edition Script
  • Tunis Ville Ottomane. Trois Siècles d’Urbanisme et d’Architecture, de Ahmed Saadaoui, Edition Centre de Publication Universitaire
  • Esclaves chrétiens, maîtres musulmans : L’esclavage blanc en Méditerranée (1500-1800), de Robert C. Davis.

Liens utiles

Voici deux sites (parmi tous ceux existants) concernant la médina de Tunis :

  • Le site de l’Association de Sauvegarde de la Médina de Tunis : Site
  • L’Association Actions Citoyennes en Médina (L’mdina Wel Rabtine) : Site et Page Facebook

Bonne découverte !


S’abonner
Notifier de
guest

7 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments