Aujourd’hui, je vous propose une visite à l’écoferme de Mornag, à quelques kilomètres de Tunis.

Rassurez-vous, il ne s’agit pas d’un endroit boueux, au milieu de vaches et moutons. Non, cette structure est plutôt un lieu de rencontre, de découverte, qui concilie science et nature, tradition et modernité.

C’est une belle occasion de sortir du centre-ville, tout en s’instruisant sur des techniques agricoles respectueuses de l’environnement.
 

Accès

L’accès à l’écoferme de Mornag est facile depuis Tunis.

Prenez l’autoroute A1, direction le sud et sortez à la sortie Radès (celle qui va vers le stade et vers Hammam Lif). Dans la bretelle, prenez tout de suite à droite, comme si vous alliez à l’usine automobile.

Au rond-point, tournez à gauche et longez l’autoroute. Au second rond-point, prenez à droite et traversez l’oued Meliane en direction de Mornag. Ensuite, c’est tout droit sur 3,6 km précisément! Vous passez devant Happy Land, un parc d’attraction pour enfants à votre droite. Prenez alors la première route à droite, faites 200 mètres : vous êtes arrivés. L’écoferme se trouve sur la gauche, le long de la palissade.

Vous pouvez vous aider de ce plan GoogleMap pour trouver la ferme.
 


Concepts développés lors de votre visite à l’écoferme de Mornag

L’écoferme de Mornag est, à ma connaissance, un concept unique en Tunisie. Le but principal est pédagogique : montrer que des techniques ancestrales sont équivalentes voire meilleures que les techniques actuelles.

Sur le terrain recouvert d’oliviers, la visite permet d’aborder différents thèmes. Le fondateur et gérant est Amine Draoui, jeune scientifique reconverti dans ce projet éco-responsable. Il vous guidera dans les jardins et vous montrera les différents espaces aménagés.

Jardin méditerranéen

Le jardin méditerranéen occupe tout un secteur de l’écoferme. Ici, de nombreuses variétés de plantes sont installées, toutes provenant de Tunisie ou adaptées au climat tunisien.

Lavande, romarin, sauge à l'écoferme de Mornag
Lavande, romarin, sauge …

Trois thèmes sont développés autour de ce jardin :

  • Plantes méditerranéennes : les plantes adaptées au climat méditerranéen poussent très bien et n’ont pas besoin d’arrosage, même en pleine canicule. D’autres espèces sont adaptées, comme les cactus importées d’Afrique du Sud et de Californie, habitués au climat méditerranéen. Le message est le suivant : Inutile de chercher des plantes exotiques, qu’il faudra remplacer dans 2 ans, nous avons de quoi agrémenter nos jardins ici !
  • Plantes médicinales : la végétation méditerranéenne possède souvent des vertus médicinales, utilisées de façon traditionnelle ou industrielle. Amine est intarissable sur ce sujet. En effet, il pourrait parler des heures sur les vertus du pistachier, du henné, du thym, des feuilles de câpre, de l’armoise…
  • Plantes aromatiques : roulez une feuille entre vos doigts, et devinez de quelle plante il s’agit ! Bon courage, il y a de nombreuses variétés !
Cactus californiens à l'écoferme de Mornag
Cactus californiens

Agriculture durable et raisonnée

La production agricole occupe un espace important à l’Ecoferme. Mais ici, pas de fertilisant ni de monoculture. En effet, Amine est partisan d’une agriculture raisonnée, c’est-à-dire respectueuse du cycle de vie de la plante.

Ainsi, vous trouverez 40 variétés d’oliviers ! Avec autant de caractéristiques différentes : période de récolte, durée de conservation, couleur, goût, usage.

L’écoferme de Mornag assure une petite production de légumes, en testant des méthodes de productions ancestrales, avec par exemple une mise en jachère régulière. En fonction de la saison, vous trouverez des pommes de terre, du blé, des piments ou bien des citrouilles.


L’Ecoferme est également un lieu de sauvegarde des variétés locales. Amine tente en effet de stocker et de replanter des espèces oubliées, notamment des variétés de blé qu’il a dénichées dans la campagne tunisienne. Souvent, ces variétés résistent mieux au climat tunisien, mais sont moins productives.

Charrue tractée par la force animale à l'écoferme de Mornag
Charrue tractée par la force animale

Enfin, Amine étant hydrogéologue, il est obligé d’évoquer l’irrigation !

Pour cela, il a construit un puits et vous montrera par l’exemple les différences entre un puits djerbien (à auto-vidange) et un puits égyptien (à balancier). Il pourra également vous expliquer comment faire pousser un pied de pastèque grâce aux raquettes des figuiers de Barbarie (région de Kairouan), ou pourquoi les gargoulettes de Djerba permettent à la terre de rester humide.

Ces techniques, traditionnelles et rudimentaires, sont adaptées à certaines régions et à certaines cultures. Elles sont souvent plus performantes et plus économes que les techniques actuelles…

Le puits de l'écoferme de Mornag
Le puits de l’écoferme

Habitats éco-responsables

Au fil de ses recherches et de ses rencontres, Amine a pu développer un autre domaine intéressant : la construction éco-responsable.

La question posée au départ est simple : Peut-on construire facilement, avec une meilleure isolation, moins cher, avec des matériaux renouvelables, avec des techniques connues et exportables?

Les différents bâtiments construits sur le site apporte la réponse : Oui, c’est possible !

Techique de l’adobe

L’adobe est l’une des techniques de construction les plus anciennes, connues notamment en Iran (Bam) et en Amérique du Sud. Le concept est simple : on mélange terre, eau et paille, on mets tout çà dans un moule, et on fait sécher.

Avantages : ces matériaux sont disponibles presque partout et offrent une bonne isolation.

Désavantage : la sensibilité à la pluie, mais avec un bon toit et un enduit, cette technique est utilisable en Tunisie.

Une brique en adobe et son moule - écoferme de Mornag
Une brique en adobe et son moule

A l’Ecoferme, l’étable est construite en adobe.

L'étable de l'écoferme, construite en adobe
L’étable de l’écoferme, construite en adobe

Technique du ballot de paille

On fait des ballots de paille qu’on ajuste les uns aux autres, puis on recouvre d’enduit.

Avantages : cette technique est très facile à mettre en œuvre, très économique. L’isolation est exceptionnelle (fraicheur l’été, chaleur l’hiver) et le matériau est 100% recyclable par l’estomac des vaches !

Désavantage : le risque d’incendie. Néanmoins, ce risque est supprimé en compactant bien les ballots de paille, ce qui empêche la combustion.

La guest-room de l’écoferme de Mornag est construite avec cette technique, tout comme la boutique.

La guest-room de l'écoferme de Mornag, construite en ballots de paille
La guest-room, construite en ballots de paille

Technique en sacs de terre

Cette technique est déconcertante ! En effet, elle consiste à remplir des sacs de terre ou de sable pour former des boudins et à les empiler en formant un dôme. Au final, on obtient un grand igloo de sable.

Matériel nécessaire : un sac de terre par tour (il faut trouver des sacs de 20m de long, certes !), 35 tonnes de sable/terre, 10 jours de travail pour 3 personnes. Les coûts sont faibles, il faut surtout prévoir un peu de sueur. Encore une fois, imbattable !

Avantages : très bonne isolation, lumière à volonté (il suffit de placer des tubes lors de la fabrication (et on peut même jouer avec des filtres de couleur)). Surtout, cette technique résiste aux séismes (en cours de développement en Iran par exemple), résiste aux inondations, résiste au feu, résiste aux conflits armées (mur de sable de 50cm d’épaisseur…).

Désavantage : difficile de faire de grands espaces et des étages.

La Ruche, faite en boudins de sable à l'écoferme de Mornag
La Ruche, faite en boudins de sable

Amine a évidemment testé cette technique : le bâtiment s’appelle La Rûche et c’est l’emblème de l’Ecoferme.

L'intérieur de La Rûche - écoferme de Mornag
L’intérieur de La Rûche
Le toit de La Rûche : une plaque de plexiglas permet d'assurer une bonne luminosité - écoferme de Mornag
Le toit de La Rûche : une plaque de plexiglas au plafond permet d’assurer une bonne luminosité

Activités proposées

Amine a la volonté de faire découvrir et d’expliquer ses idées. Ainsi, l’écoferme de Mornag organise des journées à thèmes durant l’année, ouvertes au grand public. C’est l’occasion de journées conviviales autour d’un thème de saison.

A la ferme

Pendant les mois de décembre et janvier, ce sont les Olives Days, journées consacrées à la récolte des olives, au pressage et à l’extraction de l’huile.

En mars/avril, les activités se concentrent autour du potager et des plantes aromatiques.

Durant juin et juillet, le blé est à l’honneur, avec récolte et concassage.
 
Des activités sportives sont également possibles, comme la slack-line, unique en Tunisie! Depuis la tour, il est maintenant possible de pratiquer l’escalade, ou bien de faire une descente en tyrolienne. Ceux qui auront le courage de prendre l’escalier profiteront d’une belle vue plongeante sur la ferme. Enfin, des soirées Astronomies sont également organisées au sommet de la tour.

Vous pouvez également choisir de rester plusieurs jours, en dormant à la guest-room et en profitant de l’ombre des oliviers l’après-midi. Régulièrement, Amine accueille des personnes qui souhaitent participer aux travaux de la ferme.

Enfin, une petite boutique occupe une partie du premier bâtiment. Amine vous proposera quelques produits locaux (de la ferme ou de partenaires), comme des épices, de l’huile d’olive, des céréales, quelques poteries.

La Tour, d'où la vue est intéressante sur l'écoferme de Mornag et ses environs
La Tour, d’où la vue sur la ferme est intéressante

Hors de la ferme

Enfin, Amine peut encadrer des activités de pleine nature : visite archéologique (Oudhna), rando, canyon sec. Demandez-lui !

Moment de détente sous un olivier de l'écoferme de Mornag
Moment de détente sous un olivier de l’Eco Ferme

Contacts

L’écoferme de Mornag est actuellement fermée à la visite, Amine se consacre à d’autres projets.
Affaire à suivre…

Bonne découverte !


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