Savez-vous qu’un seul pays d’Europe est accessible sans visa pour les Tunisiens ? Ce pays, c’est la Serbie. La raison remonte à plus d’un siècle, lorsque des milliers de soldats serbes blessés se sont réfugiés en Tunisie. Retrouvez ci-dessous quelques explications…

Un peu de géopolitique

L’origine de cette histoire remonte à la première guerre mondiale… Durant ce conflit, en simplifiant, deux camps s’opposent : les alliés d’un côté (France, Grande Bretagne, Russie), l’Allemagne et l’empire Austro-Hongrois de l’autre côté.

La guerre n’arrive pas tout de suite en Afrique du Nord. Pourtant la Tunisie, alors sous protectorat français, se trouve rapidement impliquée dans le conflit. Ainsi, près de 62 000 soldats tunisiens montent au front en France. Par ailleurs, 24 000 travailleurs partent également vers la France pour aider aux champs et usines. 10 à 30 000 tunisiens meurent dans le conflit. Plus d’informations sur cette page.

Bref, revenons aux Balkans. Ici se trouve le cœur de cette guerre, où chaque territoire se déchire. La Serbie se place côté Alliés. D’abord à l’offensive, l’armée serbe fait rapidement retraite, en octobre 1915 face à l’armée bulgare. Elle s’enfuit vers le sud et arrive à Corfou, en bord de mer adriatique. Les soldats vaillants sont rééquipés et intègrent les armées françaises. Les blessés sont envoyés… à Bizerte, en Tunisie.

Les blessés serbes réfugiés en Tunisie

Le premier groupe de réfugiés serbes arrive en Tunisie le 10 janvier 1916. Ils débarquent à Bizerte, où se trouve la plus grande base militaire de Tunisie. Le nombre de soldats réfugiés en Tunisie reste en débat : les sources vont de 13 000 à 61 000. Quel que soit ce chiffre, il est important : les serbes composent jusqu’à 1/5ème des habitants de Bizerte (soit 20%).

Les campements sont construits à Ferryville, maintenant appelée Menzel Bourguiba, au sud du Lac de Bizerte un peu à l’écart de la mer. Les blessés serbes se soignent dans des hôpitaux de campagnes dédiés. Ils éditent même leur propre journal.

Le campement reste actif durant plusieurs années jusqu’à la fin de la guerre. Certains blessés ne repartent qu’en 1919. Beaucoup de blessés graves ne survivent pas : on estime à 3200 serbes décédés en Tunisie, dont 1800 à Menzel Bourguiba. Ils sont inhumés dans les cimetières militaires de Bizerte et Menzel Bourguiba.

Le carré Serbe du cimetière militaire de Menzel Bourguiba

La plupart des sources indiquent que tous les serbes sont rentrés après la guerre. Mais à Bizerte, il se murmure que certains ont préféré rester en Tunisie et se sont intégrés dans la population locale.

Vous trouverez des photos historiques sur cette page et l’interview de l’Ambassadeur Serbe sur cette page.

De nos jours

Cette histoire date maintenant de plus d’un siècle, mais depuis ce temps, les Serbes regardent les Tunisiens avec respect et n’ont pas oublié l’accueil de la Tunisie en 1916. Et aujourd’hui, les Tunisiens peuvent toujours aller en Serbie sans visa.

Ces dernières années, des complications sont apparues à l’entrée sur le territoire Serbe (en lien avec des transferts d’éléments terroristes vers la Syrie). Les conditions d’entrées se sont durcies, avec présentation des preuves de séjour et de retour vers la Tunisie. Plus d’info sur cette page.

Un monument commémoratif à Ferryville – Menzel Bourguiba
Yjichi.Lbelek

Cette page a été réalisée en partenariat avec la page Facebook Yjichi.Lbelek, animée par mes deux amis Amine Zorgati et Ahmed Charfi.
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