Partons aujourd’hui à la visite de la médina andalouse de Zaghouan !
Zaghouan se trouve au pied de l’imposant djebel Zaghouan qui se dresse, les jours de beau temps, derrière les djebels Boukornine et Ressas. Il s’agit de la montagne tunisienne offrant le plus fort dénivelé entre sa base et son sommet (1295m d’altitude), où de belles randonnées sont possibles (ascension du Grand Pic, par exemple).
Au pied des falaises du versant nord, la ville de Zaghouan s’est agrandie autour d’une belle médina aux origines romaines et andalouses ; nous allons la découvrir lors du petit circuit présenté ci-dessous.
Un peu d’histoire
Les hommes se sont installés sur les contreforts du Djebel Zaghouan depuis de nombreux siècles. Les Berbères, les Puniques puis rapidement les Romains ont en effet aménagés dans cette région pour capter et utiliser le bien le plus précieux pour toute civilisation : l’eau. En effet, plusieurs sources importantes existent au pied du djebel.
C’est ainsi que les Romains ont construit, vers 130 après JC, l’immense aqueduc reliant la ville antique de Ziqua à Carthage, permettant d’alimenter la capitale en eau. Nous en parlons plus précisément dans cet article et nous y reviendrons un peu plus bas dans ce circuit.
Plus tard, les arabes se sont installés. La ville a subi une évolution majeure à partir de 1609, avec l’installation d’une importante communauté andalouse, chassée d’Espagne (plus d’infos sur l’expulsion des Morisques musulmans). La communauté a importé de nombreux savoir-faire architecturaux, culinaires et artisanaux que l’on retrouve encore de nos jours en parcourant la vieille ville. Enfin, l’époque coloniale, plus récente, a également laissé de nombreux témoignages.
Préparer votre visite à Zaghouan
Pour venir à Zaghouan :
- Depuis Tunis : prenez la route de Zaghouan, tout simplement (c’est indiqué dès la sortie de Tunis, au niveau de Mourouj et Fouchana). Comptez environ 30 à 40 minutes de route.
- Depuis Hammamet et Sousse : prenez l’autoroute et sortez à Bou Ficha. Suivez ensuite les panneaux jusqu’à Zaghouan. Comptez environ 1 heure depuis l’autoroute.
- En louage : la gare de louage est située dans la grande rue à proximité de la Porte Romaine, billet à 4 dinars environ. Dans ce cas, nous vous conseillons de marcher environ 200 mètres vers l’Est (la vieille ville sur votre droite) et de débuter la visite de la médina de Zaghouan directement depuis la Porte Romaine 🙂 .
- En bus : depuis la gare Bab Alioua à Tunis, il y a un départ toutes les heures (site SRTGN) et le billet est à 3 dinars.
Coordonnées géographiques :
36°23’48.59″N
10° 8’40.77″E
Difficulté : Facile
- Durée : 2 heures, en flânant tranquillement.
- Ruelles pavées et goudronnées, sans difficulté dans la progression.
- Technicité : les pavés sont bien nivelés, mais il y a un peu de dénivelé (la médina est installée sur les pentes d’une colline). Prenez donc une paire de chaussure adaptée à la marche, surtout si vous comptez marcher jusqu’au Temple des Eaux 😉
Itinéraire du circuit dans Zaghouan
Astuce : pour suivre au mieux le parcours, je vous recommande d’ouvrir le plan sur GMap avec un téléphone, et le descriptif ci-dessous avec un autre téléphone 🙂
Le circuit de la visite dans la médina de Zaghouan
Depuis le rond-point central de Zaghouan, où se trouve le Magasin Général, prenez la route qui monte en direction du Temple des Eaux et du Gouvernorat. Après 500 mètres de montée, il y a un nouveau rond-point décoré de mosaïques. A droite, la route prend la direction du Temple des Eaux. Prenez plutôt à gauche, dans la ruelle qui rentre dans la vieille ville.
Garez-vous après 300 mètres environ, au niveau d’une placette pouvant accueillir une dizaine de voitures.
Le circuit de visite de la médina de Zaghouan débute donc depuis cette petite place située sur les hauteurs de la vieille ville. Il s’agit de la place de l’Hôpital : l’hôpital n’est plus là, mais le nom est resté. Prenez la rue Sidi Ali Azouz, la principale rue du secteur, dans le sens de la descente.
Les fontaines publiques
Parcourez 100 mètres environ dans la ruelle, en direction du dôme en tuiles vertes et de l’arcade passant par-dessus la rue.
Juste avant l’arcade, sur la droite (là où se trouve la R5 sur la photo ci-dessus), se trouve la première fontaine publique. L’eau sort d’une gueule de lion encadrée de céramiques multicolores.
Zaghouan, installé à proximité des sources, a développé un système d’irrigation ingénieux et original, permettant d’optimiser et de répartir l’usage des eaux aux habitants. Ainsi, plus de 10 fontaines publiques distribuaient l’eau aux coins des rues de la médina.
Depuis que l’eau courante est arrivée dans chaque maison, l’utilité des fontaines est moindre. Toutefois, de nombreux zaghouanis ont l’habitude de venir remplir les bidons pour leur usage domestique.
Trois fontaines existent toujours, rue Sidi Ali Azouz, place Rahba et rue du Souk, nous les verrons au cours de la visite. Elles sont ornementées de magnifiques panneaux de céramiques et délivrent toujours une eau potable très rafraîchissante !
Le marabout Sidi Ali Azouz
Juste à gauche après l’arcade, franchissez la lourde porte permettant l’accès à un joli couloir voûté. Dans le couloir, sur la droite, une porte s’ouvre sur une petite école coranique. Au fond du couloir, tout droit, une porte débouche sur une petite mosquée. Enfin sur la gauche, une porte permet l’accès à un patio décoré d’une multitude de céramiques : il s’agit du mausolée de Sidi Ali Azouz.
Sidi Ali Azouz est un érudit originaire du Maroc. Il s’est installé en 1672 à Zaghouan et y mourut en 1720. Il est devenu au fil des années le Saint protecteur de la ville. La richesse architectural du mausolée démontre bien l’adoration que peut avoir la population vers Sidi Ali Azouz.
Il existe également un mausolée en l’honneur de Sidi Ali Azouz à Tunis (un de nos circuits dans la médina de Tunis en parle). Ce monument est plutôt dédié à la pensée et à la culture prônées par Sidi Ali Azouz.
Dans le patio, une petite fontaine a été installée, permettant de garder de la fraîcheur et assurant un bon entretien. Une grande porte verte marque l’entrée du mausolée. Si elle est fermée, vous pouvez frapper à côté, un gardien viendra vous l’ouvrir.
La richesse architecturale et décorative est fantastique. Avec céramiques, stucs, vitraux, marbres, tous les arts arabo-andalous sont ici représentés. Au sol, on retrouve les carreaux aile d’hirondelle, noirs et blancs, créant de multiples motifs. Au centre, sous un immense dôme, repose le catafalque supportant le cercueil de Sidi Ali Azouz.
La Grande Mosquée de Zaghouan
En sortant du mausolée, prenez à gauche, toujours dans le sens de la descente. Après quelques dizaines de mètres, vous longerez la Grande Mosquée.
Bon, cette mosquée n’est pas aussi imposante que son nom le laisse penser, mais il s’agit du principal lieu de rendez-vous des pratiquants de la médina. Ses couleurs bleu pastel (même les évacuations d’eau de pluie sont peintes !) sont apaisantes.
L’intérieur de la mosquée est également sobre et lumineuse, aux tons pastels.
La place Rahba
Poursuivez la descente de la rue. En face de vous se dressent presque côte-à-côte un minaret et un clocher. Nous en parlerons dans quelques lignes. Sur la gauche, une porte s’ouvre sur le Café El Andalous : n’hésitez pas à prendre une petite pause dans ce magnifique café typique !
Encore quelques mètres, et vous débouchez sur la place Rahba. Cette place est le centre névralgique de la médina, où plusieurs ruelles convergent et où diverses activités se sont installées : café, fleuriste, quincaillier, vendeurs de pâtisseries, mais aussi le poste de Police Secours (un bon point de repère !).
A l’angle de la rue Sidi Ali Azouz, vous découvrirez une nouvelle fontaine :
Juste en dessous de la fontaine, une très belle porte indique le Hammam Essouk. Ce hammam utilisait auparavant l’eau distribuée par le réseau municipal, ce qui explique son installation juste à côté de la fontaine. Il est malheureusement fermé depuis quelques années.
La mosquée et l’église Errahba
Quittez la place Rahba en passant devant Police Secours puis le café caché sous la verdure. Tournez à gauche puis à droite. Vous arrivez alors sur un promontoire qui domine la ville récente et la plaine agricole de Zaghouan, offrant un joli panorama.
Ce quartier est situé en bordure de la médina arabe. C’est l’ancien quartier colonial : les administrations du protectorat étaient installées ici, notamment les PTT. Ces bâtiments sont facilement reconnaissables à leur architecture.
A l’arrière, voici enfin la mosquée et le clocher d’Errahba. Rapprochez-vous. L’un et l’autre, installés sur un promontoire naturel, dominent la ville moderne de Zaghouan et sont visibles de loin.
L’église n’est plus utilisée de nos jours et serait entretenu par la France. Vous pourrez peut-être rentrer voir l’esplanade et faire le tour de l’édifice, à condition que le portillon soit ouvert. Mais impossible de pénétrer dans l’église. Dans la cour, des bâtiments ont été repris et utilisés comme salle de classe.
La porte Romaine
Continuez dans cette ruelle, en laissant l’église à gauche et la mosquée à droite. Cette belle ruelle, fleurie, descend et arrive à la rue du Souk, également nommée rue Habib Bourguiba. Prenez à gauche puis longez les boutiques et les snacks.
Après environ 50 mètres, la rue s’élargit. Les chaises et tables d’un café sont installées sur les trottoirs : il s’agit du restaurant Les Sources. Avancez encore un peu et prenez, sur la droite, l’escalier qui descend. Vous arrivez alors devant la porte romaine de Zaghouan.
Construite lors de l’époque romaine, cette arche était l’une des entrées de la ville. D’autres arches existaient mais ont aujourd’hui disparu.
Observez la voûte de l’arche, du côté de la plaine, à la recherche de petits détails. Par exemple, la pierre centrale de la voûte est gravée : on y voit une tête de chèvre. Il s’agit d’un des symboles de Zaghouan, représentant l’animal le plus adapté à cette région montagneuse. D’autres signes étaient visibles sur les autres portes, comme l’olivier.
Actuellement, il y a des travaux de rénovation dans le secteur, pour mettre en valeur ce grand escalier permettant de passer de la ville moderne vers la médina arabe.
Les hammams
Passez sous la porte et grimpez l’escalier, pour retrouver la rue du Souk empruntée il y a quelques minutes. Continuez dans cette rue, face à la montagne. Après environ 100 mètres, une ruelle sur la droite monte en direction de la place Rahba. A l’angle, vous observerez une nouvelle fontaine.
Poursuivez la rue du Souk, à l’horizontal, face au djebel Zaghouan, sur environ 100 mètres. Juste avant une arcade qui surplombe la rue, dans une ruelle qui descend sur la gauche, se trouve le Hammam el Karma. Il est ouvert le matin pour les hommes, et l’après-midi pour les femmes.
Continuez toujours le long de cette rue calme, pendant environ 300 mètres. Juste avant que la rue ne descende sur la gauche, arrêtez-vous devant le Hammam Jdid. Vous le trouverez sur la droite, sa porte d’entrée bleue entourée de colonnes roses est magnifique.
En tunisien, jdid signifie nouveau. Pourtant, ce hammam est le plus ancien de la ville 🙂 En fait, il a pris ce nom après sa rénovation complète suite à un effondrement. Ce hammam est ouvert le matin pour les femmes et l’après-midi pour les hommes. Ainsi, entre le Hammam el Karma et le Hamam Jdid, tout le monde y trouve son compte à n’importe quelle heure de la journée ! Idéal pour un retour de rando par exemple !
La mosquée Hanafia
Juste après le hammam, prenez la ruelle qui monte sur la droite. La première porte est en fait la porte qui permettait d’alimenter le four du hammam, lorsque l’eau était chauffée au bois.
Très rapidement, la ruelle rejoint la rue Hedi Chaker, par laquelle la rando a débuté. Mais avant de rejoindre la voiture, il reste encore deux monuments à voir.
Tout d’abord, sur la gauche, en remontant la rue, il y a le mausolée Sidi Saad. Seul le dôme est visible de la rue, l’accès à l’intérieur n’est pas possible actuellement.
L’autre monument, la mosquée Hanafia, se trouve le long de la rue Hedi Chaker, en descendant un peu en direction du centre ville. Facile à reconnaître par son joli minaret, la mosquée dispose également de belles voûtes en briques rouges.
Fin de la visite
Juste à côté de la mosquée Hanafia, il y a la place de l’hôpital, où vous aviez laissé le véhicule. Vous remarquerez qu’un des murs de la place possède des panneaux de céramiques : il s’agit d’une ancienne fontaine, aujourd’hui abandonnée.
Les kaak warka
Mais avant de partir, un détour s’impose pour acheter quelques kaak warka, la pâtisserie emblématique de Zaghouan.
Il s’agit de pâte d’amande entourée d’une pâte fine, le tout parfumé à l’eau de fleur d’églantier, une autre spécialité de la ville. Le gâteau est succulent, peu sucré. Sa fabrication est artisanale voire familiale : à Zaghouan, chaque famille dispose de son propre atelier de fabrication ou connaît quelqu’un qui « fait les meilleurs de la ville » !
Plusieurs boutiques vendent des kaaks, à proximité de la place Rahba (à proximité de Police Secours 😉 ). Vous pourrez également en trouver en frappant aux portes : les fabrications familiales sont annoncées par des petites affichettes devant la porte :
A découvrir autour de Zaghouan
- Pour dormir, je vous conseille Dar Zaghouan, situé à 3 km du centre-ville. C’est un peu cher, mais le cadre est vraiment chouette.
- L’Association Spéléo et Escalade de Zaghouan (ASEZ) propose diverses activités dans le djebel Zaghouan (rando, spéléo, escalade, VTT, canyon sec). Dites que vous venez de ma part 😉
- Des circuits de randonnées sont disponibles sur le site : Grand Pic par Sidi Bougabrine, par Sidi Medien, le Col Vert
- Il existe plusieurs sites archéologiques importants dans la région : le Temple des Eaux, qui est la source de Zaghouan, mais également Oudhna ou encore Thuburbo Majus
Merci à Hamda, à Meher de l’ASEZ et Abdo.N de We Love Zaghouan pour les visites et les multiples infos.
Bonne balade !